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Les Gones Flottants

12 septembre 2011

Généralement c'est signe de vent sur l'Atlantique

lAntilles_Robert_111Généralement c'est signe de vent

sur l'Atlantique

parfois

ce n'est

rien

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12 septembre 2011

Souvenir de ma MIMI TRANSAT de 1993

M I N I TRANSAT

1 9 9 3

 

GUY LLATA

 

 

 

 

 

Préfaces

de

Jean-Marie VIDAL

 

Thierry DUBOIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PREFACE

Jean-Marie VIDAL.

 

 

Ce livre est le récit d’un temps de passion.

Guy, le toujours enfant, le <<Gone>>, nous entraîne à sa suite dans le partage de sa traversée avec cette simplicité de cœur qu’il a su garder.

Avec modestie, il nous conte comment il s’engage dans une logique qui le pousse plus loin, de l’autre côté de la rive.

Sa véritable motivation est affective et gratuite.

Le marin qu’il devient veut vivre, sans recherche intéressée, l’authentique aventure de la mer, de l’océan.

 

 

La lecture de ces pages vraies, spontanées, rédigées je le sais dans cet esprit de générosité, d’amitié qui caractérise Guy, confirme quelques traits du personnage.

J’y découvre aussi d’autres éléments que je ne connaissais pas : son attachement à Port Camargue, la déception que j’ai pu, bien involontairement lui causer, en me séparant du 6 m 50 « Mistral Gagnant » (désolé,  Guy ! ).

L’importance de la famille, le salut à la toujours discrète Nadine, confirment les qualités d’une harmonie et d’un équilibre intérieur qui savent aussi se traduire par spontanéité, joie, convivialité, plaisir de vivre.

La << mini >> a en Guy un ardent chevalier de la cause <<ministe>>. Qu’il n’y prenne pas les mêmes coups de sang dont il sait parfois faire preuve au cours de nos régates de challenge.

Je te taquine Guy, car je connais la sagesse que tu acquiers à chaque traversée, (bravo pour ta belle Transquadra ! ).

Je sais, par ailleurs, que tu n’as pas besoin d’une <<mini>> pour ne pas trop « vieillir>>.

 Jean-Marie Vidal

 

 

 

 

PREFACE

Thierry Dubois

 

Salut PAPY !

A partir de ces deux mots, j’allais faire plus ample connaissance et me lier d’amitié avec un drôle de personnage jusque là entrecroisé trop rapidement sur les pontons un peu speed des départs de MINI.

Visuellement, je fus d’abord surpris par la physionomie du couple, canot-skipper : l’un des deux me semblait avoir subi un sévère régime amaigrissant, mais pas le bon ! Comment ce petit <<rondouillard>> pouvait-il bien rentrer dans son voilier tout maigre ?

Ensuite ! renseignements pris, étonnement quant à ses facultés de navigateur : sans doute trop conditionné par son métier en déplacement automobile, il faisait effectuer à son bateau des milliers de kilomètres ( pas qualificatifs pour la course), sur autoroute. Parti de LYON, ne trouvant pas de pancarte <<ANTILLES>>, il échoua en Méditerranée. Plutôt mal parti pour traverser l’Atlantique à la voile, sans copilote ni remorque !

Mais bon, il finit par trouver Madère et même, quelques semaines plus tard, Saint-Martin où on l’attendait en buvant du rhum, pas inquiets pour lui qu’il n’en reste plus, sachant qu’il ne boit que du lait. Chose fort surprenante pour un marin : sans doute, est-ce cela la gastronomie lyonnaise version <<GONE>> à moins que ce soit pour lui une façon de rester jeune.  Peut-être pourrait-on lui offrir une poupée qui allaite pour ses prochaines traversées ! Mais certainement pas une <<vache à lait>>, chose bien inutile et tout à fait opposée à son sens du partage et de la générosité.

Car des traversées, pour lui, il y en aura d’autres : la soixantaine approchant, il est grand temps de passer à la Transquadra, ou même à quelques circumnavigations autour de la grosse boule <<pas lyonnaise, la bleue>>….

Au pire, on se retrouve pour une MINI !

Salut

                             Thierry DUBOIS

 

 

 

PROLOGUE

 

 

 

Il y aura, avant la mini et après la mini. Je ne peux, aujourd’hui, discerner ces deux périodes, sauf certaines journées, ennuyeuses, où rien ne marche. Là je peux m’évader sur des clichés dorés de cette mini aventure.

Mini comme j’aime tant la nommer, non pas pour la minimiser, mais simplement pour la laisser encore à ma portée, car il n’est pas exclu que je repique un jour.

Je souhaite encore goûter aux délices de ces petits bateaux où seul l’homme est grand.

Je resterai un <<mini>> de chaque jour, tant l’état d’esprit de cette course peut être un modèle de vie. Cette épreuve sera le passage obligé des jeunes marins à la vie d’adulte. Et pour nous, les aînés, le moyen de ne pas trop VIEILLIR.

 

 

 

 

 

1re partie

___

 

Départ

de cette grande

Idée

qu’est la

MINITRANSAT

 

 

Le britannique Bob Salmon, convoyeur professionnel, a, un jour de 1977, l’idée de traverser l’océan. Cet Anglais un peu étrange, décide alors d’organiser une transat en solitaire, sur un petit voilier d’une longueur qui n’excède pas 6.50 mètres.

 

Cette idée bizarre allait pourtant occuper une grande part de ma vie. De réflexions en rêves, l’idée de traverser l’Atlantique sur un petit bateau, est déjà acquise dans ma tête.

Peut-être comme dit le dicton « petit bateau petit problème » sans oublier, petits moyens. A l’annonce de cette course, je sais qu’elle sera un jour, ma course.

Cette traversée un peu folle est fabuleuse. Parcourir l’Atlantique sur un voilier de 6.50 m  n’est pas dans le goût du jour, c’est plutôt  l’inverse. Les voiliers sont devenus gigantesques, beaucoup trop grands à mon goût et pour mes moyens.

Je suis cette course avec passion, écoutant à la radio tous les commentaires ; il y en a peu. Même la presse spécialisée est un peu avare. Les terriens crient «aux fous». Pourtant, avec le recul, il y a du beau monde : Daniel Gilard,  Halvard Mabire, Jean Luc Van den HEEDE, Bruno Peyron, pour ne citer que ceux qui sont connus encore aujourd’hui. <<Mais c’était hier>>.

Le favori au départ est le Polonais Jaworsk.

Il court sur un prototype doté de deux safrans mais sans grand voile. Patrick VAN GOD ne sera pas à l’arrivée de la première étape.

Il était pourtant très qualifié. Ce NAVIGATEUR BELGE de talent m’a souvent fait rêver par ses articles et récits. J’ai cru que sa disparition allait remettre en cause l’existence  de la course. Peu de gens sont favorables à cette épreuve, elle semble vraiment déranger. Cette première manche n’est qu’une étape de ralliement, PENZANCE Angleterre,TENERIFE Canaries, bien ventée par des vents de secteur Sud-Ouest à Ouest, de 8 à 9 nœuds, ne comptant pas pour le classement. La seconde étape commence avec des vents contraires, puis la brise tourne avant l’installation de l’alizé pour accompagner les petits bateaux jusqu’à la fin de l’épreuve, à Antigua.

Pour moi c’est joué, je participerai à cette épreuve, si elle survit. Je ne sais encore quand, comment, avec quels moyens, et dans combien de temps.

Je suis avec la même ferveur l’épreuve de 1979. Je vois sur la ligne de départ le PROTO de l’AMERICAIN NORTON SMITH, voiliers équipés de ballasts, fabuleux, construits spécialement pour l’épreuve. De quoi rêver durant les longs moments de voiture que je pratique tel un métronome, sur mon secteur du Sud-Est de la France, en visitant mes imprimeurs. Je parle «bateaux» avec les plus intimes, ils adorent.

 

Dans ma tête naissent des croquis. Je rêve, parfois je prends des notes, cela m’aide à avancer. J’esquisse des coques, des gréements qui ne verront jamais le jour.

Pourtant, je navigue. Je suis un privilégié à PORT-CAMARGUE, tous les 15 jours, il y a régate. Je ne rate pour rien au monde la ligne du dimanche, équipier d’avant, je me régale sur le voilier des copains. Ensuite, en famille, nous faisons des ronds dans l’eau sur le super plan d’eau de notre baie.

Notre voilier a d’ailleurs pas mal changé. Il prend des allures de bête de course, même s’il reste dans les grandes lignes un 10 mètres de série, la chasse aux poids a déjà commencé.  NADINE, les enfants DIDIER et LAURENCE, ne naviguent plus de la même manière. <<REGATA>>, on ne passe plus un autre voilier sans le <<GRATTER>>. Le plan d’eau devient un gisement de risées que nous seuls savons observer. La «compète» nous gagne de plus en plus. Les grandes vacances se transforment en <<COURSES CROISIERES>>, nous naviguons de plus en plus loin.

Notre belle MEDITERRANEE est de plus en plus étroite, je parle déjà d’ATLANTIQUE.

L’année 1981 m’apporte avec joie, juste au retour des grandes vacances, une nouvelle MINI. Je traque l’info. 25 partants, cela devient une GRANDE COURSE ; presqu’une classique, et pourtant non, il n’en est rien, toujours le même esprit.

De nouveaux noms, des nouvelles têtes. L’esprit de la course ne change pas, efficacité avant tout. De grands architectes dessinent de super bêtes de course. L’épreuve est toujours ANGLAISE. Départ PENZANCE, TENERIFE, ANTIGUA. 4080 milles à courir. Le cyclone Irène ne ménage pas l’épreuve, envoyant au tapis quelques candidats malchanceux ; Steve Callaghan coule deux jours après le passage des Canaries. Il dérivera durant 56 jours et sera récupéré aux abords des ANTILLES.   «De vrais PRO, ces amateurs >>.

La presse de tous les jours fait découvrir la MINI, surtout par les naufrages ou les disparitions. Les revues spécialisées, avec un peu plus de réserve, parlent d’exploits sportifs mais ce n’est pas encore le grand amour.

Pour moi, c’est évidemment très différent, je me sens déjà concurrent. Je commence doucement à en parler avec NADINE, mon épouse. La régate compense et le travail marche, alors je suis sur la bonne voie.

Nous fréquentons de plus en plus le monde de la «compète». J’ai même discuté avec Jean- Marie VIDAL sur la panne. Il venait voir un copain qui avait le même  bateau que nous, un CONATI 31,  une fabrication locale, qui a un certain succès.

1983, une nouvelle MINI, avec la particularité de pouvoir se courir en double. Cette modification ne me passionne pas, j’ai même peur qu’elle change, d’une façon irréfutable, la course en solitaire. Quarante-deux partants, cela confirme la réussite de l’épreuve. Je souhaite de tout cœur qu’elle redevienne une course pour un homme seul.

De notre côté, j’envisage sérieusement de changer le bateau. Nous avons remarqué dans les revues nautiques que BENETEAU avait sur plan, le FIRST 345.

Cette fois-ci c’est décidé, notre voilier aura une tendance régate plus affirmée. Nous n’attendrons pas le salon nautique pour recevoir notre coursier. Nous avons juste le temps de préparer le voilier pour l’ajuster sur les régates locales.

Il est vraiment beau et très performant. Le printemps et le début de l’été ne sont que week-ends bateau.

Le GONE, il faut bien le nommer, nom d’ailleurs que nous n’avons jamais changé. Nous l’avons choisi sur le premier voilier, un Aloa 25. Il était si petit qu’il avait l’air d’un jouet. Dans la région lyonnaise, les petits enfants, nous les appelons les GONES, de la même façon qu’à Marseille, ils se nomment les MINOS. A la Société Nautique, on nous interpelle souvent de cette façon : << Tiens, voilà les GONES >>. Il faut dire que c’est souvent le cas pour les autres amis de bateau, je trouve cela sympathique. Il nous arrive d’oublier le nom de famille. Cela peut-être délicat pour correspondre par la suite. Ce petit côté tribu est loin d’être désagréable.

 

Enfin, la grande nouvelle tombe sur l’affichage du Club : <<LA TUNISIE>> est retenue comme but de congés, pour Juillet-Août. La course croisière, c’est parfait comme projet de vacances. Un aller en course, donc rapide, avec un retour peinard, avec visites, mouillages, etc.

 

La bonne formule pour aligner des milles et se calibrer sur les copains. En plus de tout cela, des amis de régate me proposent de se joindre à l’équipe familiale pour bouster le GONE et lui donner la chance qu’il mérite de faire une place.

Seule ombre au tableau, DIDIER mon fils aîné ne sera pas de la partie, souhaitant voler de ses propres ailes. C’est la vie, mais je le regrette un peu, même s’il est normal que l’oiseau s’envole du nid.

Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule. Deux amis ont le projet de louer un Sélection pour participer aux Triangles du Soleil de Jean-Marie Vidal. Exceptionnellement, il sera possible de courir cette épreuve à trois équipiers. Le départ, comme par hasard, tombe juste après les vacances.

Après discussion avec mes employeurs, j’ai le feu vert pour participer.

Je m’occupe de trouver un Sélection à la location. Je n’ai aucune notion des prix. Je contacte la ville de Grenoble dont le voilier a terminé deuxième au Tour de France à la voile. L’opération location les intéresse. C’est une association, elle nous le propose pour 10.000 francs.

Elle souhaite que le nom de VILLE de GRENOBLE reste, remarquable preuve de confiance !

C’est une aubaine pour nous, nous allons disposer d’un voilier bien préparé. Le barreur propose un entraînement de quelques jours, pour la prise en mains. Cette nouvelle occasion qui se présente, permettra de gagner du temps et d’apprendre plus facilement le fonctionnement de ce voilier, dont la renommée n’est plus à faire.

Ces vacances 1985 seront les plus voileuses  jamais faites et sûrement les plus profitables en expérience, <<régate, course au large>>. Avec Les TRIANGLES du SOLEIL, nous nous frottions à des Pros dans la simplicité, me confirme le coté simple de ce petit monde de la course.

Avec cette épreuve, mon envie de MINITRANSAT se confirme davantage et je commence par dire à NADINE que cette course pourrait être, un jour, LA MIENNE. Jamais elle ne cherchera à me dissuader.

1985, une nouvelle MINI, avec : <<Une organisation FRANCAISE >>.

Quelle joie pour moi de savoir qu’il me sera encore plus simple de participer et sûrement de les approcher, de les côtoyer, de les voir. Merci à toi, Jean-Luc GARNIER, ma vie de marin a sûrement changé, grâce à ton initiative.

 MERCI à vous, les Bretons, de les accueillir.

Super  plateau  avec  Y. PARLIER,  F. GUERIN,

O. HIVER, C. THELLIER, enfin 31 partants. Seule petite ombre au tableau, l’option double est maintenue, mais il y a toujours le choix.

 

L’architecte Jean Berret construit des Protos, j’en suis très heureux, notre FIRST 345 est un de ses dessins.  Les vitesses augmentent ainsi que les moyennes, plus de 6 nœuds pour de si petits bateaux.        <<Petits, mais costauds>>.

Côté le GONE, gros problèmes ! Nous découvrons l’osmose, et tout ce que cela comporte.

Heureusement, nous sommes avec un grand chantier, il répond présent, le GONE sera dans quelques mois, remplacé  par un autre FIRST 345 S, et tout cela sans trop d’accrocs au budget familial. Il faut patienter, l’immobilisation me coûte beaucoup.

Heureusement, il y a les copains pour naviguer ; d’ailleurs, naviguer en régate sur le voilier des autres a pour avantage de pouvoir observer de nouvelles façons de faire. En plus, à chaque manœuvre délicate, il y a souvent répétition des mouvements afin de bien réussir au moment voulu. Je suis convaincu que c’est la meilleure école pour parfaire sa propre technique et pouvoir évoluer.

C’est aussi la façon de sortir à coup sûr, malgré le mauvais temps qui pointe son nez ou la flemme qui s’installe. Pas question de décevoir les copains.

C’est vraiment un sport d’équipe, un sport d’amis. La  convivialité  dépend surtout du propriétaire, il y a des bateaux qui rouspètent pour un oui pour un non, et d’autres aux rouages bien huilés, qui glissent sans un bruit, et qui réussissent tout.

<<Enfin>>, ce nouveau voilier arrive. Il est encore plus beau, avec sa bande verte, son mât posé sur la quille et quelle classe pour la famille, changer deux fois de barque dans la même année. Nous nous serions bien passés de la chose.    

Ce que nous ne savions pas encore, c’est que l’opération allait se renouveler encore deux autres fois. Il faut bien le reconnaître, le chantier BENETEAU a toujours  été à la hauteur de la situation, qui nous semblait parfois non solutionnable.

Nous savons à présent réceptionner un voilier, remonter l’électronique, régler le mât, etc.

Les amis régatiers du plan d’eau de la baie d’AIGUES-MORTES, nous prennent pour ROTHSCHILD, avec ces changements tous les six mois.

Le mot OSMOSE a un sens plus précis pour le plaisancier moyen. On commence à inspecter les coques avec plus d’attention, la moindre petite bulle devient suspecte. Les experts se font des choux gras, et quelques timides articles pointent le nez dans la presse spécialisée.

On vient juste de découvrir que le polyester, n’est peut être pas éternel.

La revente de nos voiliers devient louche, en avait-il ou n’en avait-il pas. Nous, les Gones nous en avions pour une troisième fois. Retour à la case départ, à nouveau, les bateaux des copains.

C’est là que JEAN me parle de son grand projet : la Transat des Alizés. Il aimerait bien que je convoie BADEBEC pour le retour, l’année suivante. Quelle confiance, quelle chance, quelle joie, un regard à NADINE, une petite semaine de réflexion, le marché est conclu sans conditions, seulement je choisirai moi-même mes équipiers et j’assumerai la fonction de chef de bord.

1987 : année mini - 54 partants. Un certain  Laurent BOURGNON,  ainsi qu’une Isabelle AUTISSIER se trouvent sur la liste avec beaucoup d’autres grands de ce sport.

Une étape presque traditionnelle aux Canaries, des moyennes à faire rêver les plus grands, 5.5  à 6 nœuds sur un parcours de 4000 milles,  Gilles CHIORRI sera le vainqueur. La mini redevient<< SOLO>>

Je prépare avec attention ma transat retour, l’équipage se dessine doucement dans ma tête, accepteront-ils ? C’est Daniel qui rendra la première réponse favorable. Daniel avait fait les Triangles, sur le Sélection, le second fut ANDRE, un ami, client, patron d’une imprimerie en SAONE-et-LOIRE, un costaud au boulot, très méticuleux, mais il n’a jamais navigué. Daniel ne considère pas cela comme un obstacle à la réussite du projet ; le trio est formé.

Il nous reste, de toute façon, le temps nécessaire à l’entraînement, la date favorable du retour étant fixée au 1er  Mai 1988.

BADEBEC, un SUNSHINE des chantiers JEANNEAU, mais en version régate, avec une superbe plume en 7/8e, un plan de pont très étudié, enfin, un vrai régal de voilier.

Nous suivons, comme il est possible, le parcours de BADEBEC durant la Transat des Alizés. Pas trop de nouvelles, mais quelques entrefilets çà et là dans les pages FOOT, je voulais dire, sportives ! ! Dommage ! Internet n’existe pas encore sur notre vieux continent, ou seulement utilisé par quelques gouroux précoces.

Le printemps arrive doucement. Je dois travailler plus pour récupérer ce mois de MAI que je vais chômer. Je commence, avec les séances de gym, cross  etc.… à prendre l’allure d’un sportif, mais le resto midi et soir, plus les invitations de clients me coûtent, il me faut beaucoup de patience et de volonté pour garder l’équilibre. Je partage mon secret avec certains de ces clients, amis et les soirées se transforment en carnets de l’aventure. Le printemps est vite là je reçois un nouveau 345, tout neuf, aussi bien que les précédents, mais avec une bande bleue et un superbe intérieur bleu.

Pour la quatrième fois, nous remontons l’électronique, réglons le bateau. Nous avons un certain automatisme et ses fonctions nous sont familières, pour ne pas dire routinières.

Ce nouveau GONE nous permet de faire nos entraînements en vue de cette future traversée de l’Atlantique.

André notre novice de la voile, découvre ce sport et devient vite  passionné, il sera durant la traversée un très bon équipier. Toujours aimable, surveillant en permanence la manœuvre, toujours prêt à rendre service. Je garderai de cette expérience un excellent souvenir aussi bien techniquement que relationnellement. Badebec sera restitué à Jean dans un état super, notre contrat sera parfaitement rempli.

Il est certain que cette traversée de l’Atlantique confirme ma décision de m’engager à la minitransat.

Ce nouveau 345 fut également un échec et le bateau repartit au chantier.

Après les vacances, nous rencontrons sur le salon de PARIS, la responsable du chantier, ANNETE ROUX en personne. La décision fut prise de transformer le contrat du First 345 en 35s.5. Nous aurons toute satisfaction de ce nouveau modèle, avec lequel nous gagnerons le challenge de la baie d’Aigues-Mortes, sans compter bien d’autres régates. Mais la chose à mes yeux la plus importante, sera l’arrivée sur le port, de <<Mistral Gagnant>>. Hervé Devic à construit ce super plan FINOT en amateur, dans la région d’AVIGNON. Il faut le voir pour le croire, c’est tout simplement <<parfait>>. Rien qu’à le regarder évoluer dans le port (très spacieux, je l’avoue), ce canot dégage une puissance en plus de son élégance.

Evidemment, je peux poser mes questions. Bien qu’Hervé ne soit pas très bavard, il répond avec beaucoup de gentillesse. Je suivrai donc cette nouvelle épreuve 1989 avec encore plus d’attention.

53 partants, 49 classés, une grande course. Ces petits voiliers battent tous leurs records de vitesse avec une moyenne qui ne fait qu’augmenter.

Mistral Gagnant rejoindra le terme de la première étape en un peu plus de onze jours. Il enlève donc la 1re place de la manche, mais hélas, est obligé de rentrer durant la
2e  manche. Il n’a plus de pilotes automatiques en état de fonctionner, quelle déception pour Hervé.

Mistral Gagnant retournera sur le quai de Port Camargue. Je n’aurai le temps de poser mes éternelles questions, (que le voilier est vendu), à qui, je vous le donne en mille ? J.-M VIDAL.

Je pourrai à mon aise le regarder autant qu’il me plaira, et je ne m’en suis pas privé. Nous continuons de pratiquer toutes les régates du golfe du LION, avec un certain succès.

Arrive le mois de Juillet et notre régate vedette, la MINIMAX. Course en double, avec un classement à handicap, ce qui permet la confrontation de bateaux très différents. Même si cela ne représente pas grand chose aux résultats, c’est sûrement l’épreuve la plus sympathique de la saison.

La course dure une semaine, avec des parcours à faire rêver. CORSE ou BALEARES, en alternative.

Mon FIRST 35.5 est un super canot pour la course croisière et les résultats sont là, mais c’est plus fort que moi, je regarde toujours MISTRAL GAGNANT.

Dans ma tête, je calcule. Je sais qu’il me faudra vendre le GONE pour acheter mon mini. Coup de grisou, J.M.VIDAL vend MISTRAL sans que j’aie eu le temps de lui parler. Je ne pouvais me douter de cela. Je connaîtrai la raison plus tard, mais je reste tout de même bloqué ; je regrette de ne pas avoir partagé mon projet avec lui.

C’est D. GRIMONT, l’heureux skipper de ce super voilier  qui porte le nom de G.T.M. Entrepose ; qui remportera cette Mini 1991 ? Elle sera endeuillée par deux disparitions : Marie-Agnès Péron dans le golfe de Gascogne, et Philippe Graber, dans les parages des Canaries. Les conséquences d’une très forte dépression, sur la zone du cap Finisterre et sûrement pas mal de déveine.

Cela ne change rien dans ma décision de participer. Je regarde de plus en plus les petites annonces des revues nautiques. J’ai même pris la liberté de demander le dossier à certains coureurs, vendeur de leur canot en fin d’épreuve, je connais à peu près le budget.

Rien n’accroche vraiment, lorsque soudain, une chose étonnante se produit en moi. Je tombe en arrêt comme un vieux cocker devant une perdrix, sur l’annonce de P. Carpentier. Je ne saurai jamais le pourquoi de ce tilt, sur un voilier étroit, mais c’est celui-là que je veux.

La négociation est brève, un coup de téléphone à mon ami et conseiller J.M VIDAL, retélé… à l’architecte propriétaire Gilles BRETECHE, rendez-vous chez son constructeur, Gil CARMAGNANI, à la Trinité-sur-Mer. Coup de foudre total ! C’est comme cela que l’on se retrouve propriétaire d’un MINI, pas du tout comme les autres. Car celui-ci est très étroit et ne mesure que 1.90 m au bau. Folie, me direz-vous, l’envie de faire autrement, sûrement pas ; non, j’ai su de suite que j’allais réussir mon rêve de mini avec ce voilier. Les choses de ce projet devenant réalités se concrétisent dans le bon ordre. Le FIRST 35.5 se vend quelques mois après, à la personne qui me l’avait réservé de vive voix. CARMAGNANI  me livre un bateau, pour dire neuf.

Je rentre à présent dans le vif du sujet, il me faut apprendre à devenir un Mini.

La remorque, chose très importante lorsque l’on habite la banlieue sud de LYON-GRIGNY pour citer ce petit village de la vallée du RHONE. C’est le fabriquant de remorques ATLAS de VALENCE, qui me cède son modèle d’exposition à un prix MINI. Elle correspond exactement avec le cahier des charges du BRETECHE.

Trouver un nom, à ce voilier, car mon fier coursier en a déjà un, il se nomme L’INTREPIDE. Il a su le prouver en compagnie de P. Carpentier durant la MINI 91, en se distinguant par une place de second derrière  D. GRIMONT. J’en ai décidé autrement, et malgré la coutume, je ne peux garder ce nom.

Etant très attaché à mon métier de représentant en matériel d’imprimerie, et souhaitant partager mon projet avec les amis de la profession, après maintes  réflexions, mon INTREPIDE mini deviendra GRAPHIC.

Oui, avec cette orthographe-là, et non celle du marchand de produits capillaires, qui eu la bonne idée de sortir sa gamme au même moment.

Mon ami J.P. Magnan, ayant déjà deux Minis à son actif, architecte et constructeur de ses voiliers, une expérience, rempli de gentillesse et de patience à mon égard, me confirme que mon choix est surprenant, mais sûrement intéressant. J.M. Vidal trouve l’idée nouvelle et pense, tout comme moi, que le coup de foudre en matière de bateau est très important pour la suite du projet.

Mon bateau a étonné et donné toutes satisfactions à Patrice Carpentier qui est une pointure reconnue dans le milieu, et pas une petite, avec un tour du monde sur le VENDEE.

Mon idée de MINI est bien différente des jeunes loups, je veux avant tout terminer avec ce Proto, superbement bien construit par CARMA. J’ai entière confiance et c’est très important pour moi.

Le jour si attendu arrive. La 405 attelée de sa remorque vide, NADINE et moi-même, stationnons devant le chantier à la TRINITE.

Superbe mois de FEVRIER, nous sommes en avance, évidemment.

Quel plaisir cette attente, le temps n’est pas trop long. Facile lorsque l’on sait que seulement quelques minutes vous séparent d’un rêve qui devient réalité.

Des voitures arrivent, CARMA ouvre la longue porte de ferraille. Le voilier est là, suspendu au milieu de l’atelier, SUPERBE, MAGNI-FIQUE, ROYAL !

 

2e partie

__

Préparation

au départ.

 

 

 

La remorque s’ajuste parfaitement sous ce cavalier des mers, avec la maîtrise de CARMA.

Le retour se fait en douceur, l’attelage est parfait, nous rejoindrons le pays des GONES, sans encore bien se rendre compte que notre aventure a réellement commencé.

A la nuit, nous parquons l’attelage le long de la haie de notre jardin. J’ai sûrement la plus belle marina de la région.

Le lendemain matin, avant de partir au travail, nous lui relâchons ses liens. Avec l’aide de NADINE, le mât est rangé dans le sous-sol du garage, pile la  longueur, 12 mètres.

Dure semaine, pourtant c’est le moment ou jamais de bosser. La tentation est forte de tricher sur les horaires de travail. Je n’en ferai rien, pourtant j’ai hâte de rentrer pour commencer l’inventaire. Enfin, tout arrive pour qui sait attendre.  Non, ce week-end, nous n’irons pas à Port-Camargue.

 

 

Il se passera en déballage. J’ai l’impression d’ouvrir une énorme pochette surprise, l’inventaire se fait avec satisfaction. Pour le moment présent, il y a peu de choses qui manquent à l’appel. BRETECHE est homme de parole. C’est la première impression que nous avons eue de l’équipe, <<sympa non>> !

Je ne serai jamais déçu, ni de l’homme, ni du voilier. Pourtant des remarques, il y en a eu beaucoup, certaines encourageantes, d’autres beaucoup moins.

J’aime les choses de caractère, même si je n’aime pas provoquer ; avec le BRETECHE, je suis servi.

Stationné là, le long de la haie, je l’observe, le regarde d’en haut, de côté. C’est vraiment un coup de foudre, inexplicable, c’est de lui dont je rêvais.  Le travail ne manque pas, mais du nettoyage seulement. Il sent encore le large et me demande à repartir. Il n’aura pas trop à patienter, nos amis nous attendent à Port- Camargue.

Notre arrivée est discrète. Seul Jean-Marie et Yannick sont dans le secret. Grutage, quillage, mâtage, GRAPHIC est vite sur l’eau.

Le mener à la place pour le régler est mon premier contact avec lui.

Formidable, nous nous regardons avec NADINE sans oser parler, pourtant ce n’est pas mon genre ! Nous naviguons sur notre rêve devenu réalité. Déjà notre emplacement se présente, maladroitement, mais sans dégât, nous l’immobilisons. Ouf ! la première étape est passée.

La famille Vidal sourit autant que nous deux, plaisir partagé des gens de mer. Rien d’autre à dire que sourire, être heureux. J’ai oublié le lendemain de cette journée. La seule chose dont je me souvienne, c’est que ce voilier ne laisse personne indifférent.

Sortir pour la première fois de notre port, sur notre MINI. Je dis bien sortir tous les deux, car ce rêve nous l’avons partagé, NADINE et moi, c’est très important pour moi ce partage. Cette aventure, nous allons la vivre à deux et la famille, évidemment.

Voilà, c’est parti, la grand’ voile monte, avec un ris. Quinze petits nœuds de vent, nous glissons sur les larges avenues de PORT-CAMARGUE. Cela nous suffit pour le moment. Il y a bien le solent de prévu dans ce programme, mais nous attendons pour le hisser, calme, «s’il vous plaît». Nous passons devant la capitainerie avec une petite risée qui propulse notre coursier à huit bons nœuds, sans notre avis. Nous longeons la digue et notre belle Méditerranée s’offre à nous trois avec une générosité que seuls les voileux peuvent goûter.

Nous continuons notre glissade sans tenir compte des dérives, pourtant bien présentes. Seules les bastaques me préoccupent vraiment, il faut pourtant bien virer un jour.

Nous parlons peu, Nadine très calme comme souvent, ne laisse rien paraître. Je répète dans ma tête les gestes de notre premier virement. L’ordre part, avec calme, <<paré à virer>>, je vire et, sans trop d’hésitation, GRAPHIC effectue la manœuvre.

La grand’voile passe avec un petit claquement sec légèrement métallique. Je me trouve d’un seul coup soulagé. Nous hissons le solent, le réglons, laissons partir le voilier sans serrer le vent. GRAPHIC nous donne pour la première fois la récompense si attendue.

Nous ne ferons pas durer la balade. Le retour à notre place, l’affalage de la grand’voile, et ces autres manœuvres qui deviendront par la suite élémentaires, sont pour l’instant, du domaine de l’apprentissage.

Apprendre, le mot est juste, il me faut tout apprendre, c’est tellement différent. Les conseils viendront de Jean-Marie, seul expéri-menté en la matière, sur notre plan d’eau.

Avec Daniel mon barreur sur le GONE, ma fille Laurence et quelques amis dévoués du club, le 6.50 sera de toutes les sorties.

ROCOCO, un 6.50m de série dont Patrick BLAYOT son skipper a participé, et même gagné l’étape de Vannes/les Açores dans sa série, m’encourage à sortir. Pour étalonner nos montures, nous enchaînons les manœuvres.

Le métier rentre doucement avec quelques hauts suivis de pas mal de bas, mais jamais de regrets, juste l’impression de redécouvrir la voile.

Je commence à organiser le programme d’entraînement. Faire des milles est la chose la plus importante.

Pour commencer en équipage, c’est un grand mot, car à deux on est au complet. Parfois trois, mais seulement pour faire plaisir, car le canot est peu large avec son mètre quatre vingt douze au bau.

C’est l’opposé de la tendance actuelle, différence de conception, où l’architecte privilégie une faible  surface mouillée, à la puissance. Mais côté passager, c’est très dur à gérer.

L’organisation primordiale à bord ne me gêne pas. C’est un peu ma nature et Graphic a suffisamment de place pour le programme auquel je le destine : <<Une MINI Transat, en solitaire >>.

Je suis à présent en contact avec ISABELLE, secrétaire de la classe 6.50. Je commence à monter le dossier. J’espère pouvoir participer en Septembre au National qui se déroulera durant le grand pavois de la ROCHELLE. J’en ai glissé deux mots à J.M. Vidal, c’est OUI.

Super ! cela m’encourage. Nous utilisons les congés d’AOUT pour transporter Graphic et découvrir les lieux.

Première répétition grandeur nature. Pour le présent, la MINIMAX avec NADINE est notre prochain objectif. Grande classique de notre club, une semaine en double avec mon épouse. Et pour cerise sur le gâteau, destination PALMA de MAJORQUE, Baléares. C’est Jean- Marie qui nous a déniché l’accueil, dans ce club royal.

Une trentaine de voiliers sont au départ. Le temps n’est pas terrible, nous serons plus que prudents sur la ligne.

Enfin, nous sommes partis tous les deux. Mon équipière favorite avait perçu son lot de recommandations de la part des amis non partants.

Je peux dire à présent que cette place n’était pas très demandée, même par certains régatiers soit disant confirmés. Nadine assume très bien et nous sommes heureux d’être ensemble.

La première nuit, un peu chaude, le vent d’ouest, monte jusque trente-cinq nœuds. Deux ris dans la grande et le solent sur l’avant. Graphic est dans ses clous. Il part en surf très souvent pour notre grand plaisir. Le pilote, un 2000 de chez Autohelm a déjà une traversée du grand océan. Il assure. sans trop louvoyer, permettant ainsi le lâcher de barre.

Pas encore question de dormir. Pourtant il faut bien apprendre, cela fait partie du programme.

En juillet, les nuits sont courtes et au petit matin, les Pyrénées sont là. Sur le côté, le fameux cap CREUS. Nous sommes pas si mal placés que cela dans la flotte. Le vent cale légèrement, pas suffisamment pour envoyer le spi, dommage, nous sommes << Bleubite >>.

A présent je l’enverrais ! OUI, mais il fallait bien apprendre !

La Méditerranée est belle, mais capricieuse. Le vent cale. Passées les îles MEDAS, nous lâchons les ris, génois maxi sur l’avant et notre petit bateau s’envole vraiment, pour rejoindre le devant de la flotte, avec les grands.

Le moral est au beau, jusqu’à l’arrivée de ces gros nuages, qui annoncent l’orage du soir. Le vent commence à bidouiller, tomber, reprendre, calmasser ; enfin la flotte, si cela continue, reprendra un nouveau départ.

C’est aussi le charme de ces régates. La VHF délire, le bêtisier s’enrichit comme pour se remonter le moral.

Les derniers sont les premiers et <<crack>> l’éclair transperce le ciel, le vent monte subitement, le temps de tout affaler, ficeler, caler, dernier ris à poste et, sans autre formalité, Graphic décolle à plus de douze nœuds en direction opposée de notre cap.

Empannage extrême mais réussi, merci la chance, il en faut un peu. Nous glissons dans ces eaux noires, désordonnées. Je regarde le loch à travers un rideau de pluie, mélangée à la grêle. Nadine s’est réfugiée à l’intérieur, mais reste là, prête à me donner la main. Le compas tourne sur lui-même, je suis le voilier de devant, le grignotant malgré moi. Les chevaux de mon canot sont lâchés. Cramponné à la barre, je ne cesse d’enchaîner surf sur surf. La vague d’étrave monte droite à plus de deux mètres, pour nous arroser copieusement.

Les premières craintes dissipées, la pluie et le vent faiblissent légèrement. Je reprends doucement les commandes de mon étalon, c’est un super voilier, je suis très confiant pour la suite du projet.

La nuit sera douce, le calme après la bagarre, nous dormirons sûrement trop, mais nous sommes tellement bien tous les trois que nous aimerions arrêter le temps.

Petit matin calmos, bizarre. A environ trois cents mètres, la mer monte au nuage, une trombe d’eau, pas très large mais zigzaguante et puis une autre. Nous en compterons une dizaine, nous les garderons à distance respectable.

Tout redevient normal, le soleil chaud avec les brises thermiques à l’approche de l’île, de nouveau les calmasses de fin de journée, pour arriver dans la nuit, fourbus mais heureux, devant le Royal Nautique Club de PALMA .

Nadine a son petit succès et sûrement la reconnaissance de beaucoup. La moitié de la flotte avait levé le pied pour se planquer, elle nous rejoint plus tard, même pour un  concurrent dans la limite du départ pour le retour.

Après la piscine, la douche, visite, repas collectif où chacun refait sa course, sa tempête, sa tornade ! C’est vraiment la détente entre amis, personne ne se prend au sérieux.

Le retour se fera sans problèmes. Je découvre que je marche mieux sur un bord que sur l’autre, que mon super réglage n’était pas si super. Enfin, j’ai encore du travail pour dompter Graphic.

A l’arrivée sur le cap CREUS, la tramontane nous cueille avec quarante nœuds. Nous apprenons la conduite dans du gros temps et là encore, nous ne sommes pas déçus, ni même convaincus des réactions saines de notre voilier, sûrement le meilleur que nous ayons eu !

Il confirmera cela dans la grosse dépression que la MINI ramassera, dans la première étape de 1993.

Les entraînements s’enchaînent avec la cadence du métronome, enfin, ce que les samedis dimanches laissent de disponible car le travail continue. Je ne peux me permettre d’arrêter pour ma préparation.

 

Les vacances arrivent très vite. Il faut penser à sortir Graphic afin de le préparer pour le voyage, en direction de La Rochelle avec un petit détour par le Gers où résident nos parents, côté épouse.

En pleine campagne, dans le petit village de Masseube, je termine les préparations, pose des autocollants, les numéros de pont, etc. Les parents, eux, sont ravis de notre passage, mais comprennent difficilement que je traverse sur un si petit bateau, l’Atlantique.

Cet avis est largement compréhensible, car sur la remorque, Graphic semble encore plus petit.

Le voyage jusqu’à La Rochelle se fait sans problèmes. Remorquer le bateau derrière la 405 est d’une étonnante simplicité, encore un atout pour les coques étroites.

Regruttage, quillage, mâtage, enfin la routine ! Le lendemain, première sortie avec Laurence dans le Pertuis. Je profite également des vacances pour parfaire ma ligne, en courant chaque jour quelques kilomètres et surveillant davantage l’assiette, mais sans me priver des délicieux fruits de mer.

Je laisse la remorque chez Jean-Louis, le représentant régional de la société pour laquelle je travaille, Il surveillera également Graphic, à présent dans le port à flot.

Nous rentrerons tranquillement à Lyon, en ayant l’impression de laisser un peu de nous-mêmes, dans cette magnifique région.

Les trois semaines nous séparant du National 6.50 passeront à cent à l’heure et nous nous retrouverons avec la Famille VIDAL, pour l’épreuve.

Je fais également connaissance avec toute cette équipe, à la moyenne d’âge plus  près de nos enfants. Super décontractée et cool ! J’apprendrai encore beaucoup au contact de Jean-Marie. Sa technique, sa simplicité pour expliquer et montrer, me feront gagner un temps précieux. J’en ai réellement besoin car le niveau est haut et les gaillards de la concurrence pas très bavards.

Petit à petit le métier rentre, il me faudra bien encore cette année pour apprendre.

A la fin de l’épreuve, où nous terminerons dans le milieu de la flotte, Graphic sera à nouveau démonté,  pour rejoindre Port-Camargue.

Durant toute l’arrière saison, je reprends l’entraînement en régate avec les surprises et mon ami Jean-Pierre MAGNAN  ; Jean-Pierre est un vieux routard de la Mini, non par son âge, (nous avons une année d’écart), mais par ses deux participations. En plus, il est l’architecte et le constructeur de ses voiliers, qui sont reconnus dans ce petit monde de la Mini.

Cette synthèse parfaite de connaissances  est contenue dans une enveloppe de gentillesse, de calme, que rien ne peu ébranler. J’ai réellement beaucoup de chance d’avoir de tels amis. La Société Nautique du Grau-du-Roi / Port- Camargue est une pépinière de bonne volonté, c’est très important pour le moral.

Un mini c’est exigeant et, parfois, le moral en prend un coup. Il est dur de partir au large sachant d’avance que le Mistral va rentrer et que, de toutes façons, l’entraînement se ter-minera trempé et bastonné.

Les enfants et Nadine ont remplacé les équipiers manquants à l’entraînement. On en perd pas mal sur ce genre de voilier, surtout l’hiver. Dans peu de temps, c’est seul et uniquement seul, qu’il faudra naviguer. Cela commence à me démanger, je sors de plus en plus souvent, cela ne se passe pas si mal, d’ailleurs.

Pour partager cette aventure avec certains de mes clients, j’ai monté l’Association GRAPHIC. Le but est de réunir des fonds représentant la valeur d’un budget de fonctionnement et de les reverser, en fin d’épreuve, à une ou deux associations.

Ce projet est le moyen de me mettre dans la situation des jeunes sans le sou qui  entreprennent ce défi, de créer un relationnel sportif avec mes Imprimeurs passionnés par cette aventure, en m’obligeant ainsi à partager l’information.

Cette opération me débordera vite, plus de cent amis y participeront. Le logo Graphic sera composé des noms de mes imprimeurs. Des pin’s seront réalisés, une affiche verra le jour, avec pour titre : <<Les imprimeurs lèvent l’encre>>, d’imprimerie évidemment ! ! Voilà, il n’est plus possible de faire marche arrière, il faut aller de l’avant et créer le rêve.

Le mixage travail, bateau, sera un bon mélange. De toutes façons, l’imprimeur est tellement pris par son travail qu’il n’a pas le choix. Ce sont généralement de gros bosseurs, je les aime beaucoup.

Ils participent directement à la réussite de mon désir, je leur dois bien le partage de cette petite aventure.

J‘organise une soirée, dans la région de Beaune, dans le super caveau de Ladoix- Serrigny. avec l’aide de clients amis et de fournisseurs désirant se joindre au groupe. Réussite totale, plus de deux cents personnes, l’esprit Mini est réuni, je reçois des preuves de sympathie, courrier, encouragement, télécopie, jusqu’au départ à BREST.

Même les revues professionnelles parlent de GRAPHIC, les journaux, le syndicat, reprennent l’idée du projet. Ce sera un succès de communication.

L’association VERTICALE sera la bénéficiaire, ainsi que la S.N.S.M. de Port-Camargue. Il n’y a pas à dire, cela motive le bonhomme ! Je répondrai à plus de trois cents lettres.

Des amis clients me rendront visite, Graphic devient un peu leur bateau. Cette ambiance inattendue me stimule encore plus dans mon travail, je ne ressentirai nullement une baisse de chiffre. Malgré mes absences, c’est plutôt le contraire qui se produit.

1993 sera une bonne année. L’entraînement continue de plus belle, avec des allers-retours sur l’Espagne. Manger du mille, il faut manger du mille. Je ferai, quatre mille milles de préparation avant de rejoindre BREST.

Je me souviens d’un retour de Port-Vendres, avec un joli coup de tramontane de 25 nœuds   bâbord amures, à quatre-vingt-dix degrés du vent, l’allure idéale, parfaite pour s’habituer à dormir sous pilote.

Je compte les moutons, pas facile. Pourtant le bateau se comporte bien. J’ai pourtant l’impression d’une présence. Un léger ronronnement m’oblige à sortir pour vérifier, et là , je tombe nez à nez avec un chalutier qui, croyant le bateau vide, l’observait avec un intérêt certain.

La surprise fut grande, je ne saurai jamais pour lequel des deux ! Quelques gestes amicaux, il repartit sur un bord différent. Inutile de vous préciser que je ne dormis pas ce jour-là.

Dormir, pourtant il faut dormir, ce n’est pas le plus simple, prendre le bon rythme, dormir trop et le résultat de la course en subira sûrement les conséquences.

Ne pas dormir suffisamment et l’épuisement gagne rapidement.

Le bon rythme sur une longue distance, c’est sûrement par tranche d’une demi-heure. Avec aménagement dans les périodes de tranquillité.

Le petit temps est sûrement le moins propice au repos, la tension nerveuse peut atteindre un tel degré de stress, que l’on oublie de se ménager. Le gros temps, même s’il impressionne, est plus reposant et permet mieux de gérer son sommeil.

La façon de s’alimenter est des plus importantes, les habitudes  changent en mer, ainsi que les moyens de préparer les repas. La diététique et les conseils de coureurs expérimentés, m’aideront, les lectures, les récits également. Sans penser gourmandise, il est important d’emporter les aliments que l’on préfère sur terre, les moyens limités de conservation feront le reste du tri.

Je suis fada des pâtes, les fameux sucres lents. Heureusement, ils sont la base de mon alimentation en mer, les fruits secs, le lait UHT, les biscuits etc. Pour moi, même si je perds un peu de poids, c’est moins grave que pour certains. Je laisserai huit kilos sur la traversée.

Ma qualification se fera durant la première semaine d’AOUT, durant la Mini MAX, sur le parcours Port-Camargue, Mahon, Port- Camargue, avec une marque de passage obligatoire, Les MEDAS, sur la côte ESPAGNOLE,  au sud de la baie de ROSAS.

Ce coin merveilleux où la mer fait l’amour avec les Pyrénées provoque des changements brusques de régime de vent et de conditions de mer.

Comme toujours, une trentaine de voiliers sont au départ et cette épreuve compte comme qualification pour la Mini. Nous serons donc trois 6.50 à effectuer notre qualif, plus un COCO. Je ferai la connaissance de Dominique KERAUDREN, une jeune fille sur un Plan FAUROUX et J.P. MAGNAN sur un Plan du même nom. Rien de nouveau sur cette épreuve, réalisée dans un mélange de temps, dont seule la grande bleue a le secret. Onze ou douze changements de voilure dans la même journée font partie du normal. Bon exercice pour les Minis que nous sommes.

A côté de Super Calin de J.P.M., je  peux prendre mes marques et encore observer des réglages. Dominique est plus à distance, mais cela n’est pas représentatif pour établir un jugement. A l’arrivée sur Mahon, je serai dans l’ombre de Jean-Pierre et bien placé dans le reste de la flotte.

Le retour se fera dans le même style de temps, avec un échantillonnage parfaitement Méditerranéen. Je garderai le contact avec la tête de la flotte, bien plus à l’aise dans les enchaînements et changements de cadences. La préparation hivernale commence à payer, l’économie de sommeil ne se fait plus sentir, je gère mieux mon capital énergie. Au passage des MEDAS nous serons accueillis par trente à quarante nœuds de tramontane.

L’arrivée jugée devant Port-Camargue, durant la fin de la deuxième nuit, me confirme une place de premier MINI, bien dans le coup de la flotte.

Je suis très satisfait de GRAPHIC et les amis un peu méfiants du vilain petit canard, commencent à changer d’opinion à son sujet. Cet étalonnage, au contact de J.P.M. a été satisfaisant. Les voiliers, bien que de conception différente, affichent des performances identiques, avec peut-être un petit plus pour GRAPHIC au portant, Super Calin étant plus à l’aise au près.

La qualification terminée sera le terme de ma préparation ; il faut à présent songer à préparer Graphic pour son transport sur le lieu du départ,  <<BREST>> .

Le gruter à terre, le caréner, j’opte pour une matrice dure, le poncer et le reponcer, terminer les derniers bichonnages. La routine ou presque, car pour moi tout fut découverte et plaisir.

Je reprends le travail, pour une ultime tournée avant le départ, mais je pense que mon cœur est là-bas. Je regarde en permanence à l’Ouest, la météo n’est plus celle de la grande bleue, mais bien celle de la Bretagne.

Tout ce qui touche cette si belle région me touche subitement, je pense breton, chante breton.

Grâce à cette expérience, nous découvrons la Bretagne, nous prenons le temps de visiter. Le soleil en cette fin d’été ne manque pas, c’est sûrement un clin d’œil pour nous laisser prendre pied à  dose homéopathique.

Soixante et onze inscrits, une grande majorité de Français, mais la Belgique(5), l’Italie(4), la Hollande(1) sont également représentées. Je cite la page treize du chapitre SOLITAIRES de notre ami Dominic Bourgeois, encore un marin incontournable qu’il faut absolument rencontrer. Son sens de la perfection, de la rigueur (avec son ami Philippe Naudin), seront une grande part de la réussite de cette épreuve 93. J’ai eu la chance de participer en leur compagnie à la fabrication d’un petit ouvrage, édité chez un ami imprimeur ardéchois de Privas en cette fin Août 93, ouvrage qui sera ma mémoire pour la rédaction de ces lignes. De superbes illustrations du peintre Gildas Flahaut, <<encore un ami des 6.50 >>,  rendent cet opuscule magique.

 

 

B R E S T

1 9 9 3

 

 

Septembre 93 - Port du MOULIN BLANC.

 

«BREST».

Tout arrive, Septembre est ensoleillé, nous retrouvons Graphic sur son quai. Doucement, les ministes rejoignent le port de départ. L’organisation est au complet. Dominic installe son Mac et rédige ses premiers articles.

Notre président Denis Hugues, suivi de son fidèle compagnon à quatre pattes, arpente les quais. Denis et Isabelle (notre sympathique secrétaire), connaissent tous les membres de la tribu mini.

Les anciens aident les nouveaux, l’ambiance est déjà là, oui le mot tribu correspond bien, pas de chichis, l’efficacité prime.

Notre jaugeur, Claude Bigeard, la soixantaine sportive, fait régner sa loi, les pannes se transforment en un immense chantier de réparation.

Les promeneurs se mélangent aux coureurs, préparateurs. Les journalistes passent de 6.50 en 6.50, posent leurs questions. Déjà les favoris sont repérés, la presse locale édite leurs articles avec les photos. Evidemment, certains très connus dans le milieu pour leur palmarès, affichent une décontraction relative. La simplicité domine largement.

Je ne suis pas précisément le plus jeune, mais non le plus âgé, laissant cette place à mon ami Jean- Pierre Magnan, d’un an mon aîné.

Je me retrouve pleinement dans cette ambiance d’avant départ, c’est certainement le moment le plus jouissant de cette longue attente, il n’y a plus à penser, il ne reste qu’à faire.

Nadine m’aide énormément, elle aide également aux multiples besognes de l’organisation, il faut le vivre pour le croire, une entreprise bien huilée où l’amitié domine. Elle ne faillira pas jusqu’à l’arrivée.

Je dois trouver un équipier pour le prologue. On me propose un jeune de la région, mini dans  l’âme, possédant un 6.50, mais non le budget pour participer.

Beaucoup de jeunes sont dans son cas. Une autre année, ils auront plus de chance. Pour le moment, le grand problème pour la majorité de la flotte, est de présenter sa monture fin prête à notre ami Bigeart. Il ne laisse rien passer, il connaît parfaitement sa fonction, elle sera le gage de notre sécurité. Tous les coureurs en sont conscients, mais pour l’instant, beaucoup aimeraient contourner l’obstacle.

Notre ami Claude arrivera à amener l’ensemble des coureurs sérieusement préparés à la fatale présentation des afmar. pour l’obtention de la dérogation en première catégorie.

 

Prologue en rade de BREST

 

Sorti une bonne heure avant le gros de la flotte, Olivier, l’équipier brestois et moi-même, tirons des bords pour reconnaître le plan d’eau. Graphic est dans ses marques de réglage, cela se présente plutôt bien. Nous attendons le start du départ sans inquiétude, nous avons choisi la fin de ligne pour ne pas accrocher, surtout prendre aucun risque. Nous partirons comme prévu, plutôt en troisième rideau, le bateau navigue bien par ces quinze vingt nœuds de vent.

Je confie la barre à mon indigène Olivier qui se régale de cette navigation musclée. Nous n’avons pas de prétentions de résultats, mais nous jouons le jeu de la régate. Sûrement trop, car nous ne nous méfions pas assez d’un plaisancier distrait, ou trop curieux, qui arrive sur notre tribord, pour couper notre route.

Nous ne pouvons imaginer une seconde qu’il allait exiger sa priorité. Erreur fatale, impossible d’éviter la rencontre, le choc, légèrement amorti par un réflexe de dernière seconde, les deux voiliers s’enlacent.

Je ne peux que constater les dégâts, bôme tordue, grand’voile arrachée, coque tribord arrière légèrement enfoncée. Tout cela à deux journées du départ, Olivier est choqué, il ne peut expliquer. Le plaisancier est navré, son intention n’était nullement de nous contrarier.

Graphic meurtri rentre en remorque au port du Moulin Blanc. Dans ma tête, je cogite l’ordre des réparations.

Nadine a suivi l’accident de terre, elle nous attend sur le quai, soulagée que nous n’ayons que des dégâts matériels. Des collègues me proposent leur aide. Un grand gaillard, que je ne reconnaîtrai pas de suite, constate les dégâts, me dit : « le plus important est de faire réparer ta grand’voile chez INCIDENCE ». Je reconnaîtrai Olivier de KERSAUZON. « Si tu te dém.… bien, tu seras prêt pour le départ ».

Tout s’enchaîne très rapidement, la voile est portée à la voilerie. Ils travailleront toute la nuit, pour me la rendre comme neuve. Même le dessin de la classe de l‘école C.M. KERARGAOUYAT, dont les 18 élèves et leur instituteur, Monsieur LE ROY, m’ont accordé leur confiance, a été restauré.

Ces charmants bambins de huit, neuf années ne seront pas déçus, je serai sur la ligne de départ.

Les artisans de BREST me feront le solde des remises en état. C’est à ce moment que j’apprendrai, en déclarant mon sinistre, que je ne suis pas assuré. Le courtier avait pourtant encaissé mon chèque, deux bons mois auparavant sans l’accord de la compagnie. Elle refuse mon dossier ainsi qu’une quinzaine d’autres.

Je ne citerai ni le courtier ni la compagnie, mais je peux vous dire que cela frise l’escroquerie. Je partirai donc sans assurance, du moins en ce qui concerne le matériel, car la responsabilité civile est couverte par la F.F.V.

Ces deux dernières journées passent à cent à l’heure. Je ne suis pas seul à travailler, jusqu’à la dernière minute. L’ensemble des concurrents bricole leurs montures, les pannes sont un véritable chantier. J’aime cette ambiance des derniers jours.

On consulte la météo avec plus de précisions.

A ce sujet, cela ne s’annonce pas terrible pour nous. Graphic a repris son aspect d’avant. Claude Bigeard a repassé le contrôle, les afmar sont O.K.

Nous garderons la dernière soirée pour nous deux. Il est prévu un petit repas en amoureux ; nous mangerons dans un petit resto du Moulin Blanc, à la table à côté de Pascal LEYS et de sa compagne, (il est l’heureux skipper de SODIFAC ROUBAIX ex. Mistral Gagnant, mon premier amour de mini).

Ce sera la première et dernière fois que je rencontrerai ce si sympathique garçon qui, en tête de la première manche, disparaîtra dans le très mauvais temps que nous allions affronter dans le golfe de GASCOGNE.

Cette dernière nuit sera longue et courte à la fois, impatience du départ, petit tiraillement de la séparation.

Notre couple est soumis, par mon métier de représentant, a des départs permanents, mais là, c’est un peu différent.  NADINE reste à terre et ce projet, nous l’avons monté à deux. C’est le cas pour beaucoup d’autres équipages, mais je tiens à souligner qu’il est sûrement plus facile de partir que de rester.

 

Mercredi 29 Septembre 1993

 

Briefing Météo, où seuls les coureurs sont habilités à assister, c’est un secret pour personne, ce ne sera pas une partie de plaisir. Rien que la tête de l’organisation nous explique la suite.

Denis Hugues, Dominic Bourgeois, nous expliquent sans fioritures à quoi nous nous exposons. Ils assurent que celles ou ceux qui ne prendraient pas immédiatement le départ ne seraient nullement pénalisés, ni jugés et qu’ils auraient peut être raison.

Le calme régnant dans cette pièce confirme que chacun des coureurs sait à quoi il va être exposé. Pas de plaisanteries, chacun rejoint sa monture dans un calme inhabituel.

Je monte sur Graphic, c’est le bateau moteur de l’assistance de Gwen CHAPALAIN (Conserveurs bretons), qui me propose la remorque.

Graphic glisse doucement. Nadine marche le long de la panne, je ne la lâche pas des yeux, la gorge serrée un peu, je souris et souris encore. La grand‘voile monte pour une fois simplement, je suis en course,  surveille les priorités et m’éloigne de tout bateau, Le vent a légèrement faibli.  J’ai deux ris de pris dans la grand’voile et le solent sur  l’avant.

Beaucoup de monde sur le plan d’eau, beaucoup trop à mon goût, c’est le grand départ. 15 heures, je ne passerai pas la ligne en tête, moi je veux avant tout terminer.

Bord de près, les virements s’alignent avec un mécanisme presque parfait. Je ne peux me situer sur le plan d’eau, enfin, je remonte le goulet et cela est essentiel, sortir avant la tombée de la nuit.

Sur mon côté, je remarque bien un bateau moteur avec des caméras. Ils filment depuis quelques minutes, doucement sous mon vent, ils me longent. A sa gouverne, je reconnais Olivier de KERSAUZON, venant me saluer en m’encourageant de la main. C’est cela la classe des grands.

La nuit tombe doucement, je doublerai et me ferai doubler sans savoir  trop par qui, toujours très attentif aux voisinages.

Je n’envisage nullement de traverser le Raz de Sein. 20 heures, je renvoie au 280 300, je croise quelques mastodontes, heureusement très éclairés.

Il y a de la mer mais cela se passe bien, toujours des Minis en vue, devant comme derrière. Le baromètre est à 1012, aucun repos durant cette première nuit plus calme que je n’osais l’espérer. Un peu de pilote auto de temps à autre, je tire un grand bord d’Ouest pour me dégager et surtout éviter le contact des cargos.

Jeudi 30 Sept. 7 h :TU loch 7447, baro 1009 soit 70 milles environ du départ, je suis sur l’estime.

Je reporte tant bien que mal mes changements. J’essaye de me nourrir, essentiellement de lait et pain, je ne ressens pas trop la fatigue de la nuit. Je commence à être humide, je fais pourtant très attention.

La chute du baro ne me trouble pas, homme averti en vaut deux. Je sais que nous allons déguster. Graphic navigue d’une façon très réconfortante, il tape rarement. Le pilote A 4000 est plus efficace que moi et je me repose une bonne demi-heure d’un profond sommeil.

A mon réveil, je me demande vraiment où je suis, j’ai du mal à me situer, je vérifie l’ensemble de ma navigation, c’est bien, je fais un cap au 200, cela bouge plus que ce matin, la dépression commence à rentrer sur la zone. 15 h, 39.52, le baro chute à 1005, je pense avoir fait 46 milles depuis ce matin 7 h. Je tente une première visée avec le sextant plastique, qu’est-ce que ça bouge !

J’applique la théorie des trois visées, 20°46, 21°11 etc., je manque de précision. Il faudra sûrement faire avec et espérer mieux. 20 h TU, je renvoie pour la nuit au 300 et me prépare pour ma deuxième nuit. Graphic remonte courageusement entre 3 et 5 nœuds, je garderai cette option toute la nuit.

La mer devient forte, j’ai du mal à estimer la force du vent. Les faits sont là, j’ai le 3e ris à poste, plus  un ris dans le solent, conclusion : cela doit souffler.

Le bruit est réellement impressionnant, je passe la majorité du temps à l’intérieur, c’est la grande semaine du blanc. J’appréhende la déferlante, celle qui fait frissonner, même bien au chaud dans son lit. Si elle veut rester chez elle, je ne me plaindrai pas,

Le 1er Octobre 93, je participe à la mini et pour du bon, c’est bien ma chance, ramasser du mauvais temps dès le début. Le baro est à 993, c’est blanc de partout, il me semble apercevoir une voile sur mon tribord, réconfortant non !

Je ne suis pas le seul fou à jouer dans le coin. La V.H.F : pas de réponse, normal, il y a quelques minutes la mienne aussi était éteinte. Faut dire que la seule énergie que je possède est un super panneau solaire, qui ne la pas encore vu ! Alors, économie, priorité au pilote.

Je fais à présent un cap au 200/210, le tourmentin à un ris est à poste, ça déferle de partout, je dois avoir la baraka, car je passe relativement bien, le bruit est impressionnant. De temps à autre, je passe sur la tranche avec un bruit de train, mais mon petit voilier redresse et reprend la route.

Je suis dans ma couverture de survie, étonnant comme ce semblant de gadget est efficace. J’aimerais bien me changer mais je retrempe aussi sec, j’y passerais toute la réserve, alors attendons des jours meilleurs.

14 heures, V.H.F : annulation de la manche. Pour moi c’est une catastrophe, je crois avoir pleuré. Je fais répéter MELODY NELSON  ; Ile de NOIRMOUTIER me confirme qu’une trentaine de concurrents serait déjà rentrée. C’est impossible, je ne comprends pas, il y a plus de danger à rentrer à terre que de rester en mer.

Le port le plus proche dont je connais un peu l’approche, c’est La ROCHELLE.

A présent, je suis en contact avec PETIT MALIN d’ERNESTO, un ami Italien avec qui j’ai sympathisé, ainsi que 400 COUPS et LOUSTIQUE, un Méditerranéen.

Le temps passe et ne compte plus, il faut rentrer alors rentrons, ils ont sûrement de bonnes raisons, mais ce n’est tout de même pas de chance.

Cap au 120° 90°, oui à 30° près, difficile de faire mieux. La mort dans l’âme, j’essaye de rejoindre la terre. Une déferlante plus maligne que les autres me couche mat sous l’eau, tête en bas mais sans faire le tour et recommencera presque de la même façon, une autre fois, à 10 minutes d’intervalle.

Je regarde à l’extérieur, rien n’a bougé, le pilote A 4000 est constamment sous l’eau. Je me demande comment il peut encore fonctionner, je l’avais au préalable chattertoné sur la barre. Autour de moi c’est tout blanc, avec des montagnes d’eau. Graphic tire sa route avec des pointes à huit/neuf nœuds, pourtant je suis à sec de grand’voile depuis ce matin. Je retourne à l’intérieur, car j’ai froid.

Inutile d’éponger l’eau, il en faut si peu pour tout mouiller, l’important c’est de ne pas avoir trop froid.

Il me semble entendre le bruit d’un avion. La radio reste muette, attendons ! Je trouve le moyen malgré cela, de dormir par petites tranches de quelques minutes.

Manger, sûrement le plus difficile et pourtant nécessaire pour ne pas trop faiblir, toujours du lait, car le pain est passé par-dessus bord avant de faire la bouillie dans les fonds déjà super glissants.

Le 2 Octobre 1993,  baro 990 estimes, je serai à environ 200 milles nautiques des SABLES ou de La ROCHELLE. Je viens d’apprendre la récupération de LOUSTIC, de PETIT MALIN et de quatre autres amis.

10 heures : 10 milles, je croise le paquebot EDOUARD ELBE. Il me donne ma position 46°30 Nord et 03°38 Ouest, cap au 95 je relève mon loch 7689.  A présent, j’ai quelque chose de précis pour rentrer sur la Rochelle.

Découverte : l’ensemble de mes vêtements et sous-vêtements ont été mis sagement sous film étanche. Ma fille LAURENCE et Nadine, à mon insu, ont glissé des post-it avec de gentilles annotations m’encourageant ainsi dans cette épreuve.

J’aurais aimé ouvrir tous les paquets pour pouvoir lire ces petits mots doux. Ils seront ouverts sans précipitation au fil de la course et chaque fois, ce sera le même délice. Petite indiscrétion mais ce fut la seule :

<<Mon cher papa, ces petits mots étaient le seul moyen de te parler pendant ta course. Tu vas leur en mettre plein la vue. Je t’aime très fort. LAURENCE>>. J’ai évidemment collectionné l’ensemble de cette correspondance, je vous avoue que cette aide est formidable.

Grondement de moteur d’avion, cette fois c’est sûr, ce n’est pas une déferlante, c’est un avion. A la V.H.F., j’entends : <<Graphic, répondez, répondez, Graphic>>.  N’en croyant pas mes yeux, la tête à peine sortie, juste pour voir à ras la mer le Bréguet atlantique s’éloigner. Le dialogue s’installe avec l’opérateur << Tout va bien pour vous, nous repassons dans quelques moments, car nous venons de passer sur un mini retourné>>.

Les minutes durent des heures, je pense à mon collègue, sans savoir qui il est. Je comprends mieux la terrible décision qu’ont dû prendre les organisateurs pour arrêter la manche.

A nouveau, la radio me nomme : <<Graphic, Graphic, vous me voyez ! >> J’ai beau écarquiller tout grand mes yeux, je ne vois, ni entends rien. Ils ne comprennent pas, car eux sont persuadés être passés au-dessus de moi. Je continue la discussion avec le gros avion, qui me précise que son dernier passage était pour un autre collègue et qu’ils m’ont confondu.

Très heureux de pouvoir discuter, ils m’encouragent à continuer et ils me donneront ma position exacte, à ma verticale. Cette fois, aucune erreur, s’il ne m’a pas coupé le mât en me survolant, c’est qu’il m’a raté. Il me donne ma position, que je note sur une planchette qui me sert à la découpe pour la cuisine. Il me confirme la remontée du baro à 1001 et m’encourage dans mon choix de rejoindre la Rochelle.

18 h : 27 TU, mon loch me donne 7725 milles. Mon cap est bon, la mer reste très grosse, mais cela me semble moins casse pipe.

M’enroulant dans cette géniale couverture de survie, je retrouve un peu de chaleur et m’endors sans demander mon reste. << Graphic pour 400 Coups ; je pense également rentrer sur la Rochelle, donne-moi ton estime>>. De suite, MELODY NELSON lui, souhaitant rentrer aux Sables me pose la même question. Il y a du monde sur la ligne et je dois en convenir, c’est réconfortant.

Dimanche 3 Octobre : 0 heure : toujours très fort ce passage à un autre jour. Une petite lueur juste devant semble ressembler au relèvement d’un phare, confirmé par mes amis de misère.

Ils connaissent sûrement mieux la route que moi car à part le National couru à la Rochelle, je n’ai jamais navigué dans ces eaux.

J’aimerais rendre un petit hommage aux gens du Cross d’ETEL et de SOULAC qui, grâce à leur patience et gentillesse, ont fait le maxi pour nous renseigner et répondre à nos questions. Ils sont restés, se relayant toute la nuit, pour nous rassurer de notre bonne progression. La solidarité des gens de mer n’est pas un vain mot, elle existe, ils viendront même nous rendre visite au port, à l’arrivée.

4 heures du mat. j’ai des frissons, reprendre la chanson  serait de circonstance. J’ai remis un peu de Sud-Ouest dans ma route, pour ne pas manger la Pointe des Baleines et son si rassurant phare.

Après un contournement des plus raisonnables, je me glisse entre CHASSIRON et les BALEINES, pour entrer par le Pertuis. 8 heures : je laisse à bâbord le phare Chanchardon, la mer jaune est toujours impressionnante et sous tourmentin, nous filons encore 5/6 nœuds. Le baro remonte à 1005, contact radio avec le port, « pas possible de vous remorquer», je ne le souhaite pas, d’ailleurs.

Graphic est très maniable, seule la marée devenant basse m’inquiète un peu, j’enroule Chauveau, je devine dans le fond La Rochelle. Je rentre aux Minimes avec facilité.

Il y a du monde, beaucoup de monde, la télé, rien que cela ! la presse et les questions.

Moi, je ne vois que NADINE sur le quai, toujours un peu en retrait, mais tellement présente avec moi. Nous avons du mal à nous rejoindre, le cameraman veut absolument entrer dans le mini pour filmer. Il renoncera et filmera  l’intérieur depuis l’entrée et sans moi, presque déçu du manque de désordre.

Je n’aime pas le désordre, même dans le gros temps, je trouve toujours moyen de ranger. Il me faudra répondre à maintes questions, souvent pas très sympas pour les Minis. Là, ils tomberont sur un bec, la 6.50 est une classe responsable et majeure.

Le calme après la tempête, le plaisir de retrouver Nadine autour d’un super repas, dans un petit resto dont la Rochelle a le secret.

J’avais plus faim que sommeil, mais il ne tardera pas à me gagner.

Le coup de téléphone à Isabelle, tout heureuse de me savoir à bon port et les mauvaises nouvelles. La disparition de notre ami Pascal, la terrible décision pour l’organisation de suspendre l’épreuve, (pour la reprendre dans quelques semaines à Madère), a sûrement été un dur cas de conscience pour les responsables.

Ces organisateurs, tous des coureurs, car le mot «anciens» ne serait pas juste, bien qu’ils aient plusieurs Mini a leur actif. Ils savent se sacrifier pour organiser, pour que les autres courent.

Après avoir retourné le problème dans tous les sens, le plus raisonnable pour moi est de retourner sur mon secteur pour travailler, en attendant les directives.

 

Je demande au Comité l’autorisation de rejoindre Madère au départ de Cadix <<Sud Espagne>>, pour pouvoir travailler un maximum de temps. Mon ami Pierre Meilhat, dans la même situation, formulera le même désir, La réponse favorable nous facilitera la suite du projet, sans trop pénaliser le boulot.

Pas facile cette demi-reprise de travail, le téléphone ne cesse de sonner, toujours les mêmes questions des amis, des clients amis.

Pas toujours facile à expliquer que je souhaite vraiment repartir. Seul le contact avec Isabelle me donne le courage de travailler, elle m’assure que le prochain départ se fera bien à Madère.

Thierry Dubois d’ailleurs, vient juste de rejoindre l’île. Privé de sa V.H.F., n’ayant aucun moyen de communiquer, étant passé hors des mailles du Bréguet atlantique il continuera, hors course sans le savoir jusque sur la ligne d’arrivée, très étonné du peu de monde pour le recevoir, fatigué, fourbu, meurtri,  mais en grand marin.

Le temps ne passe pas vite à terre, malgré les contacts permanents, mais avec Pierre, enfin, la seconde partie de notre aventure se dessine.

Jeudi 14 Octobre : la remorque est derrière la 405, nous roulons à bonne allure sur l’autoroute de Clermont-Ferrand. Un ami, Bernard, se joint à nous pour nous aider à remorquer GRAPHIC et surtout tenir compagnie à Nadine, pour le rapatriement de la remorque, au retour de CADIX. 11 heures : nous sommes devant le Mini et le rendez-vous avec le grutier est pris. Repas sauté, mais, à 17 heures, GRAPHIC trône sur la remorque, fin prêt à prendre la route.

Vendredi 15 Octobre : nous serons déjà bien avancés lorsque le soleil étendra ses premiers rayons. Nous roulerons non-stop, juste le temps de faire le gazole, traversant Madrid vers 18 heures en pleine sortie du travail, pour continuer notre descente au 180 sous les étoiles.

Au petit matin, nous sommes devant l’entrée du port privé de CADIX et attendons l’ouverture des grilles pour réserver le grutage, matage, etc. Mon ami Pierre Meilhat arrive avec ses amis, quelques heures après nous. Leur programme étant le même, le grutier ne pose même pas de questions.

Une bonne nuit là-dessus, les traces du voyage disparaissent et c’est déjà le retour de Nadine et Bernard pour Lyon.

Les feux de la remorque passent à peine la grille du port que je me replonge dans les réglages du gréement, car nous souhaitons lever l’ancre en fin d’après-midi.

Une dernière bière sur le quai et c’est le départ. Le vent n’est pas de la  partie mais cela n’est rien, l’important est de partir.

Long 06.15, Lat. 36.30, Puerto SHERRY, Baro 1025, loch 7786, Cap Madère, Long. 16°40 W, Lat. 32°43 N, 560 milles au 246.

 

Il ne reste plus qu’à faire marcher GRAPHIC, pour l’instant, profonde pétole. Mon ami <<L’Esprit de Service>> rame de la même manière que moi. Parfois, une risée favorable le déhale de quelques brasses, pour que je puisse mieux le remonter à mon tour. Pierre est un garçon agréable, nous concevons la mer de la même façon, pas trop de radio, juste ce qu’il faut pour rendre cette mini régate agréable.

 

Lundi 18 Octobre : loch 7810, environ 30 milles du départ, pas trop violent ce démarrage, la mer est belle, le vent presque nul, il faut patienter.

Je pense à Nadine qui doit être arrivée à Lyon, ma belle-fille attend un heureux événement, peut être que !

Le sextant commence à faire partie de ma vie, beaucoup plus facile par mer calme que dans le golfe de GASCOGNE par 45 nœuds de vent.

Mes repas sont simples ; avec cette chaleur, je n’ai pas vraiment faim, mais le sommeil me manque alors je préviens Pierre d’une petite absence. Elle durera presque une heure, c’est vraiment trop, il me faut réapprendre à dominer mon sommeil par tranche de trente minutes. Pierre me confirme qu’à son tour il s’est oublié, peut être à cause de la chaleur.

Le vent rentre doucement pour se stabiliser à 15 nœuds à 90°, c’est l’Amérique, le voilier démarre à 8 nœuds sans spi.

J’attends encore un peu que cela soit plus favorable, à mes côtés sous mon vent, juste ce qu’il faut pour ne pas se gêner. Pierre fonctionne de la même façon. La soirée sera à l’identique de la journée, navigation de rêve. Ce soir, soupe chaude, compote de pommes avec biscuits secs, lait UHT, je bois beaucoup de lait en mer, cela me régule.

Cette nuit, je vais profiter de cette navigation peinarde pour régler mon sommeil. Le ciel grandiose et le vent stable nous permettent d’aligner des milles comme j’aligne des km sur autoroute. Il n’y a rien d’autre à faire que se laisser transporter.

Nous communiquons à heures fixes. De jour, les panneaux solaires donnent à fond. Je prends la barre pour m’occuper et jouir de ces moments de roi, où l’on peut tout oublier ; le baro reste calé à 1027.

Mardi 19 Octobre à 7 heures :TU, déjeuner lait céréales, oui les céréales passent bien et avec le lait, elles apportent une bonne réserve d’énergie. Le vent de Sud, stabilisé entre 12 et 15 nœuds, annonce une superbe journée. Je redécouvre les petits messages de ma fille LAURENCE dans mes sous-vêtements, cela me fait toujours le même effet, beaucoup de bonheur dans l’intérieur du mataf.

Je passe beaucoup de temps à l’astro. J’utilise d’ailleurs mes notes pour rédiger ces lignes. Dès que le soleil monte sur la ligne d’horizon, je prépare le sextant ; la montre, le papier, la gomme, le crayon et pour ne rien vous cacher la calculette autorisée. La mienne est une Digisun, une vraie petite merveille, il ne lui manque que la parole, cela me facilite réellement la vie mais il faut être rigoureux dans les visées.

J’applique la méthode des trois relevés successifs, je choisis le plus logique par rapport à mon estime. Cela semble tourner rond, nous verrons bien dans quelques jours.

Mercredi 20 Octobre : 7 heures –TU, la nuit a encore été super, je commence à prendre le rythme, toujours pas trop de travail, ce voilier est vraiment bien.

Thé, pain complet sous cellophane, une journée à 163 milles les doigts dans le nez, des moyennes de 6 nœuds  8, que demande le peuple ! Mais il ne faut pas se prendre pour Tarzan, aujourd’hui c’est facile, mais je ne suis pas prêt d’oublier la première étape. D’ailleurs, mon harnais ne me quitte pas, je pense à notre copain qui nous a quittés durant cette mauvaise tempête, lui il était costaud, un super marin, avec la course dans le sang. Pensons à autre chose, mais ne l’oublions pas, il restera à jamais sur mon voilier durant toutes mes navigations futures. Je viens de tailler le porte-mines que m’a offert mon fils Didier, taillé avec application, car l’épaisseur des traits sur le routier peuvent provoquer des erreurs de plusieurs milles nautiques.

Point du début d’après-midi, 24 milles entre les deux relèvements, moins 8,4 au 217 et 9,5 milles au 65, Lat. 34°22 et Long. 12°15, le but est à
242 milles au 246°. Tout cet énoncé de chiffres et le résultat des calculs de la journée, le vent reste stable, mais la mer est plus grosse.

Le baro est tellement stable que je me demande bien ce qui pourrait le déranger. Je suis de plus en plus émerveillé par la nuit, le spectacle des étoiles est grandiose. Je regrette mon ignorance à leur égard.

Dans cette myriade de constellations, je suis incapable de donner un seul nom. Je fais le vœu de remédier à cela, mais la seule étoile que j’aimerais voir, c’est celle du phare de Porto Santo ; elle devra briller dans l’alignement de mon hauban tribord, elle me confirmera que mon astro est juste. J’ai programmé, suivant mon calcul cette vision, dans la nuit de Jeudi à Vendredi, entre 22 heures et 2 heures du matin. Evidemment, si tout continue à bien marcher.

Le lever du soleil, juste dans mon sillage est merveilleux, d’ailleurs, tout est merveilleux. La myriade de poissons suivant le bulbe de Graphic, le reflet du soleil naissant sur le dos argenté des coryphènes, je ne serais pas aussi formel au sujet des coryphènes, mais c’est tellement bien dans la description, là aussi j’aurais bien à apprendre.

 

La journée défile sans soucis, le voilier vogue
sans  mon aide. J’essaie bien de bidouiller la voile pour faire semblant d’améliorer.

Huit nœuds constant s’alignent au loch comme les minutes au réveil. Cette journée de Jeudi coulera dans notre trace, nous nous ferons seulement rattraper par le soleil, pour le voir disparaître sur cette ligne d’horizon  que l’étrave du 6.50 ne cesse de pointer.

Attentif, vous avez dit attentif, et bien oui, plutôt ! mon gars, ce hauban tribord me cache sûrement l’éclat du phare. J’ai dû user mes yeux à force d’observer. Cette attente est délicieuse, si j’étais sûr d’avoir raison.

Impatient, je ne le pense pas, mais tout de même, cet éclat devrait être là.

Il me faudra attendre 22 heures pour voir un semblant de scintillement, là, exactement, dans ce sacré hauban tribord.

Je gonfle le torse tellement mon orgueil de vieux marin ressort. Pourtant, rien de plus normal et bien non, pour moi, l’astro n’est pas encore normal, j’applique, mais dans ma petite tête de certificat d’étude, je ne comprends pas tout.

Ma super calculette a fait sûrement grillé quelques étapes, enfin cela marche. Je longerais à quelques milles les lumières de Porto Santo.

Me libérant de cet avant-dernier obstacle, un peu de sommeil, il me reste environ quarante milles d’eau libre avant l’arrivée sur MADERE.

Le sommeil, malgré la fatigue ne sera pas profond, les coups d’œil à l’extérieur, plus fréquents qu’à l’ordinaire, la terre pourtant vue de loin me remet à l’évidence de la veille.

L’île naîtra en même temps que le soleil. Elle apparaît aussi nette qu’un découpage de bandes dessinées. Je n’ai plus sommeil, ni faim, ni rien. J’aimerais partager ce moment, rien d’original pour un solitaire qui vient juste de prononcer le prénom de sa femme. Oui, j’aimerais partager ce super moment avec elle, j’essaie de l’imaginer dans notre maison, non je pense simplement qu’elle est là avec moi, ou alors très près.

Sept heures trente, je laisse sur tribord le phare de MADERE, je fais route sur FUNCHAL. La mer est plus agitée, je passe sous le vent un voilier style OVNI .

Des enfants me font des signes, ce sont des SUISSES, beaucoup de plaisir de les passer à allure nettement supérieure. Le temps ne compte plus, je savoure ce dernier instant car, face à moi, un zodiac vient à ma rencontre  à vive allure, <<Salut PAPY ! >> ; ils me donnent un FAX m’annonçant la naissance de ma petite fille ELODIE. Je bafouille, merci, merci beaucoup. J’affale les voiles, la remorque est passée, je rentre dans FUNCHAL. J’allais oublier de préciser que cet accueil devant le port, était de THIERRY DUBOIS.

Mon ami Pierre est arrivé une heure avant, je suis le troisième à rejoindre la ligne du deuxième départ. La tradition des mini s’accomplit, que les premiers viennent accueillir les derniers. Même si nous ne sommes pas en course, je suis le plus heureux des hommes. Je passe une seule nuit au port, car je dois rejoindre LYON rapidement pour reprendre le travail durant une vingtaine de jours. Je quitte cette île de rêve sans trop de tristesse car tellement de choses importantes m’attendent à la maison.

3e partie

____

 

MINI

TRANSAT

 la traversée

 

 

 

 

Satolas, aéroport de LYON, la famille est là pour m’accueillir. Le voyage Madère/Lyon, avec un changement à Lisbonne, est une formalité. Quel contraste entre le voilier et l’avion, je flotte dans un nuage. Mon fils Didier me donne des nouvelles sur la toute petite ELODIE qui pourtant, dans ma tête, fait pleinement partie de la famille. La voiture se rapproche de la maison, j’ai réellement hâte de la rencontrer. 5.4.3.2.1 nous y sommes. Ma belle-fille Laurence est là, avec ce super cadeau, qu’elle s’empresse de me mettre dans les bras. Je suis tout penaud, je la regarde mais je n’ose bouger, c’est formidable la vie. Je pense déjà à ce petit bout qui va sûrement modifier mon existence. L’avenir me confirmera cette pensée ; grand-père, c’est vraiment la bonne place sur le podium de la vie.

Le retour au bureau, retrouver les amis de travail, est également un moment agréable. Je reçois des encouragements de toutes les directions. Ces deux semaines de travail passeront à cent à l’heure. Ma direction et collègues de boulot, ainsi que mes clients amis font le maximum pour m’éviter les problèmes. Je suis là, mais je reste concentré sur la course.

Je me retrouve de nouveau à l’aéroport, un soir à 17 heures. Seule Nadine est là pour ce deuxième départ, c’est presque la routine. L’avion se pose à Lisbonne. Dans la salle d’embarquement pour Madère, flotte une ambiance toute bizarre.

Une grosse tempête tropicale a malmené l’île. Enfin, pour le moment, pas question d’embarquer, les avions ne peuvent atterrir. La situation s’arrangera vite, à grand renfort d’annonces sécurisant les voyageurs. Nous envisageons un départ imminent, l’ambiance reste tendue, l’embarquement se fait dans le calme. Mon voisin m’explique, dans un français parfait, que la tempête a fait de gros dégâts sur la région de FUNCHAL. Il fait nuit, seul le ronronnement des réacteurs me rappelle que je me promène à plus de huit mille mètres ; la descente sur MADERE est annoncée par l’hôtesse. Décélération importante, la piste est très courte, l’Airbus s’immobilise, les gens sont impatients de descendre. Je me glisse dans le flot pour partager un taxi se rendant sur le port. Je comprends mieux ! De la boue partout, le chauffeur explique les dernières vingt quatre heures qu’il vient de vivre, un vrai cauchemar.

Je retrouve les copains sur le port qui me rassurent de suite. GRAPHIC n’a rien, grâce à la vigilance de Jean-Pierre MAGNAN. Ce n’est pas la même chose pour tout le monde. Le port ressemble au terminal d’une scierie canadienne. Du bois partout, des détritus mélangés à la boue assemblent cela. Une vraie désolation, le spectacle sera encore plus fort et triste avec le jour. Déjà, des ouvriers s’affairent au dégagement et nettoyage, les bull. entrent en action. Toute l’équipe des Ministes participe au nettoyage, des monceaux de bois mélangés à tous autres objets ménagers, d’immenses tas se forment sur les quais. Malgré cela, la Mini continue, un prologue départ sera décidé et seulement avec une journée de retard, nous partirons. Le soleil est de la partie, une citerne d’eau potable nous permet de charger les cent quarante litres d’eau obligatoires pour cette traversée, soit quatre litres par cent milles à parcourir. C’est un complément, car l’eau minérale embarquée rentre dans ce quota. Cela remplit salement le Mini lui donnant l’aspect d’un mini tanker, la ligne de flottaison disparaissant.

Trente quatre nous serons, pour ce deuxième départ. Je trouve cela formidable compte-tenu des aléas qu’a subis l’organisation.

Une minute de silence sera effectuée sur la ligne, en mémoire de notre ami Pascal LEYS, une bouée à contourner pour le spectacle de nos amis restant à terre, nous sommes partis en direction de la PALMA, marque de parcours obligé avant le grand saut.

Je n’ai nullement l’impression de partir pour une traversée importante, je suis seulement heureux d’être là et de vivre ce moment tellement attendu. La régate reprend ses droits, je fais marcher le bateau sans trop chercher le contact, la mer est toute boueuse, nous croisons de gros morceaux de bois nous rappelant la puissance des éléments en colère. MADERE nous salue, je la regarderai disparaître dans mon sillage en lui promettant de revenir.

Cette mise en jambe jusqu’à la PALMA sera la bienvenue, mer calme, vent à la carte, juste ce qu’il faut pour se rôder. Cela n’empêche pas la colonne de s’étirer et les cracks de nous fausser compagnie. La V.H.F. délire, cela détend. A présent, je peux mettre un visage sous chaque nom de bateau, ce qui n’était pas le cas avant, je pense être bien intégré dans la meute.

Le vent commencera à rentrer d’une façon portante à l’approche des îles ; elles sont toujours petites sur la carte et terriblement imposantes lorsque l’on approche. En compagnie de Andréa ROMANELLI sur American Express et ZIZKA Jan sur MARTINIQUE Dynamique, nous enroulerons cette infime partie des CANARIES.

Devant moi, l’Atlantique m’accueille majestueu-sement avec toujours beaucoup de vent dans les voiles, au portant heureusement, mais trente-cinq bons nœuds à l’anémo de Graphic. Il s’envole complètement comme s’ il connaissait le parcours. Tant mieux car je n’ai pas la grande forme, une sorte de touristat ne souhaite pas me lâcher. Pilote automatique, solent tangonné, frein de bôme souqué, à neuf dix nœuds  en permanence, je vais m’allonger.

Durant trois bonnes journées sans manger, pas trop à l’écart de mon cap, je survivrai sur mon spi mouillé, en souhaitant que mon bateau fasse le travail seul. J’apprends le démâtage de mon ami Pierre MEILHAT sur l’Esprit de Service, avec qui j’avais fait le convoyage CADIX/MADERE. Je saurai par la suite qu’il dût abandonner son canot pour être récupéré au bout de quelques heures par un voilier assistance.

LES VOILIERS ASSISTANCE sont des bénévoles qui naviguent dans la flotte des coureurs avec une disposition bien précisée par l’organisation afin de porter aide, toujours dans l’ombre, grand coup de chapeau ! Messieurs RUNAWAY sur lequel avait embarqué Philippe Naudin, privé de mini pour que d’autres courent, récupéreront un autre concurrent, Pascal BLOUIN sur COTES d’ARMOR, qui subit  la même déveine.

Je reprends goût à la navigation pour remonter sans grosse difficulté sur ma route. La forme revient doucement, je m’alimente de lait principalement. Sur ma carte, se dessine un tracé qui explique bien mon option ORTHODROMIQUE.

Mardi 9 Novembre 93 : Je pense à la famille, j’attends avec impatience le rayon de soleil qui viendrait réchauffer ma carcasse. Les journées sont courtes, la houle longue, toujours deux ris dans la grand‘voile, pas vraiment beaucoup de travail sur le pont, seule la navigation occupe vraiment la journée.

Je m’estime à 2100 milles de Antigua, mon cap au 253 est favorable, je règle vainement le panneau solaire au moindre rayon, pourtant je ne manque pas d’énergie.

Mercredi 10 Novembre : Le soleil tarde encore à se lever, il fait la grasse matinée. Le baro est à 1028, il pleut. Allongé sur ma couverture de survie pour m’isoler de l’humidité, j’écoute R.F.I sur 15300. Toujours trente bons nœuds de vent et des moyennes de 160 à 180 milles au compteur journalier, de ce côté-là, cela marche bien. J’ai frôlé l’empannage, la retenue a bien rempli son rôle. Ouf ! que d’émotions ! Je vais essayer d’être plus attentif, je me tiens limite à cause du panneau pour qu’il perçoive le maximum de soleil, j’effectue un seul empannage par jour ; avec de la préparation, j’ai plus de métier, cela se passe généralement bien. C’est, de toute façon, malgré les deux ris à poste, l’opération la plus délicate. Je l’appréhende toujours.

Jeudi 11 Novembre : Petite journée, 141 milles, pourtant le loch est encore à huit bons nœuds, c’est sûrement cette nuit que j’ai failli. Il va falloir se remuer, garçon ! Je n’ai aujourd’hui aucun défilé, alors au charbon.

Barrer, c’est encore la meilleure façon d’écono-miser l’énergie, mais le pilote est tellement plus attentif que ! Bon, je garde l’idée de l’économie, il est bien de se convaincre de quelque chose. Côté casse-croûte, cela marche mieux, les pâtes à la tomate, (je dois dire que j’ai une sauce en tube impeccable) et, grâce au réchauffeur, c’est très facile à réaliser.  Le fait de manger chaud, cela remonte le moral.

Malgré la contre-performance de cette nuit, ma moyenne, depuis le départ, est supérieure à 6 noeuds. Encore une bonne nouvelle, nous avons quitté la pluie, la température est à 22°. Dans mes sous-vêtements «sous vide», j’ai trouvé un petit message de Nadine me souhaitant une Bonne Arrivée ; même si le rangement n’était plus chronologique, cela fait le plus grand bien.

Vendredi 12 Novembre : jour du poisson. A ce sujet, je ne manque pas de compagnons sous ma coque, les dorades coryphènes courtisent mon bulbe depuis mon passage à las PALMAS. Je leur donne le reste des pâtes et même le seau du matin leur fait ventre. J’ai nullement envie de me baigner, pourtant, c’est un véritable régal de les voir évoluer autour de nous. Ma moyenne des 24 heures a augmenté à un peu plus de 150 milles, ce n’est pas encore cela, mais je vais dans la bonne direction.

Samedi 13 Novembre : encore journée poisson ! A mon réveil, une drôle d’odeur de poisson manquant de fraîcheur, dans mon duvet ! Eh bien, vous avez deviné ? J’ai réchauffé, durant
ma pose, un poisson volant. Retour à l’envoyeur, pour constater d’autres poissons sur le pont. Inutile de penser à la réanimation, les pauvres feront le repas des coryphènes. Moyenne de la nuit, 6.16 nœuds. Super déjeuner avec lait froid et céréales. Le soleil hésite comme chaque matin à prendre sa place sur la ligne d’horizon. Je le surveille car ma première visée se fera aux alentours  de 20°10 à 10 h 40 . 32 TU, la seconde  22°38 à 10 h 42 . 54 TU et la troisième 22°52 à 10 h 44 . 43 Tu. Je ferai la moyenne de ces trois visées grâce à ma DIGISUN. Je recommencerai l’opération vers 13 heures pour obtenir le résultat LAT. 25°22, LONG. 37°47, but à 1430 milles, cap 249°. Il ne reste plus qu’à reporter sur la carte et rêver à l’arrivée qui se fera, si tout marche bien trop tôt, car ce sera la fin de cette formidable aventure qu’est la MINI.

Dimanche 14 Novembre : 11e journée de mer. Il est 8 h, TU, il fait nuit noire, pourtant cette journée est importante car je passe sur l’autre coté de ma carte. Explication ! me direz-vous. Voilà, sur un mini la place est tellement comptée qu’il est impossible d’utiliser le routier de l’Atlantique Nord à plat, donc nous utilisons cette carte après avoir effectué un savant pliage. Donc, à présent, ce sont les Antilles que je découvre sur la carte. 9 heures, TU, miracle ! le soleil apparaît sur l’horizon gros comme un ballon de plage, mais le vent reste plus calme proportionnellement aux autres jours. Il est peut être exigeant de tout réunir sur une même journée, le spi remplace le genaker de la nuit et nous voilà, repartis entre 7 et 8 nœuds. La nuit, je garde rarement le spi, pour assurer la tranquillité de mon sommeil et éviter les manœuvres hasardeuses sur le pont. Non, je ne dis pas que la flemme s’installe, mais pour ne pas utiliser le mot routine, je dirai donc sagesse.

Lundi 15 Novembre à 0 h. L’océan, avec sa longue houle, a profité de son Dimanche pour recharger ses batteries et, par la même occasion, les miennes. Conclusion : avec 130 milles en
24 heures, j’aligne ma plus mauvaise journée concernant les performances. Mais pour le marin, il a roupillé sans compter, le canot est rutilant, propre comme pour une visite d’inspection des afmar. Néanmoins, le moral est au beau, sûrement l’effet soleil. Mes amies coryphènes brillent de mille éclats sous ma coque, courtisant inlassablement mon frigide bulbe. Parfois, elles inspectent le safran, semblent vouloir nous quitter pour mieux revenir, dans une myriade d’éclairs. Pour midi, je me mitonne une recette ancestrale à bord des voiliers : <<Purée-Thon>> avec un léger nuage de tomate-légume en tube. Le réchauffeur m’annonce, dans un léger sifflement, le moment du repas. C’est à poil sur le pont, avec casquette Yannick, (c’est Yannick qui me l’a offerte, avec l’annotation «tes amis de Port Camargue»), harnais Nadine, chaussures de pont à faire rougir un clodo, que je déguste ce savoureux plâtras. Ne pouvant terminer la totalité, je partage le reste avec mes voisines du dessous avant de m’accorder une petite sieste «sèche-boutons», dont la partie noble de mon être ne manque pas, malgré la Biafine largement utilisée depuis le départ. Je dois avouer que l’esprit course dans de pareils moments m’échappe un peu, pourtant la réalité se fait vite sentir par le score. De ces trop paisibles journées, il me reste une grande impression de liberté, de tranquillité où rien ne peut m’atteindre, comme si le temps faisait du sur place, du bien-être à l’état pur. La transat, heureusement, reprend ses droits. GRAPHIC est là pour me rappeler que la course est sa vocation première, que le farniente est juste un entrefilet dans le livre. Non, la Mini n’est pas, à proprement parler, une cure de repos, même si mentalement, cela repose. Les journées s’enchaînent avec la précision du métronome, la fin de cette magnifique aventure se trouve par-delà cette ligne d’horizon qui ne cesse de reculer.

Je suis heureux d’avancer et un peu triste de voir le tracé de ma carte tirer sur l’autre bord de l’ATLANTIQUE. Je suis un peu comme l’écolier au dernier jour de l’école ; demain, le compte à rebours commencera pour inévitablement le rapprocher de la rentrée. Heureusement, de l’autre côté, il y a NADINE et les amis qui attendent. Il y a aussi ce classement. Je pense être dans la fin du peloton car cela fait maintenant plus de treize jours que je navigue seul. Pas une voile, rien que ce grand bleu autour de moi et pourtant, cette solitude ne me coûte pas, je suis bien. Cette semaine passe à cent à l’heure. Cette nuit, j’ai croisé un cargo, ou plutôt il m’a doublé, je voyais bien ses feux. C’est agréable de penser qu’il y a une vie près de vous. Lui ne m’a sûrement pas remarqué avec mon feu de 5 w en haut du mât. J’économise toute l’énergie dans le respect de la légalité. Aujourd’hui, à LYON, c’est l’ouverture du Salon de l’Imprimerie ; ce sera la première fois que je le manquerai. Mon épouse et mon fils me remplaceront, mais tout de même, cela me fait un petit quelque chose. J’ai l’impression de manquer à mes devoirs, pourtant personne n’est irremplaçable. Un gros grain juste devant me sort vite de cette méditation coupable. Je prends un troisième ris dans la grand’voile, j’affale tout simplement le solent, et nous voilà partis à plus de dix nœuds avec de grosses moustaches à l’étrave.

Jeudi 18 Novembre : l’alizé bien en place me permet à nouveau de faire de belles moyennes journalières. Il n’est pas rare de dépasser les
160 milles. Mon cap moyen est toujours au 260 °. Sur la carte, je trace une ligne presque droite ; si mon astro est juste, je suis à 700 milles de ANTIGUA. J’écoute RFI régulièrement sur 15305 M. La température se stabilise à 23°, une petite chute durant la nuit les rendent agréables. J’estime mon arrivée sur ANTIGUA à cinq jours, en espérant quatre.

Vendredi 19 Novembre : le vent m’oblige à faire un peu plus de Sud que je le souhaiterais. Rien ! 20° de moins mais cela me contrarie. Par contre, je file neuf nœuds sans effort. Dur, dur pour ma visée sextant, qu’est-ce que ça bouge ! Il y a des journées comme cela où rien ne veut rester dans la programmation du skipper sûrement un peu exigeant. Je suis, depuis cette nuit, dans la zone météorologique EST Antilles. Le voilier est également plus sec, la température monte à vitesse grand V, 28°, toujours pas de concurrents à  vue. Deux solutions, ou je suis le premier ou je suis le dernier. Faut pas rêver, GuyGuy, pour la place de premier ! J’espère bien ne pas être le dernier, pourtant, il en faut bien un ! Bon, pensons à autre chose ! 530 milles du but, si cela continue à marcher, je gagne presque une journée sur mes prévisions. Le moral est au beau fixe. Parlons-en du moral ; il y a des jours où … je ne me savais pas si sensible. Je pense à ceux du Vendée Globe, plus de 100 jours sans voir âme qui vive, ils doivent avoir de drôles de passages à vide. Un bon repas chaud, rien de tel pour conserver ce fameux moral. Des pâtes avec une super sauce en tube, voilà une formule pour le conserver. Je n’ai pas d’alcool à bord, cela ne me manque pas d’ailleurs. Je bois du lait le matin et de l’ANTESITE durant la journée. Je suis sûr que si vous réfléchissez bien, vous allez vous souvenir de ce merveilleux breuvage, fabriqué dans la région de VOIRON ; quelques gouttes dans un litre d’eau et cela change tout. Même les goûts les plus tenaces sont masqués par l’odeur du coco.

Cela me rappelle les colonies de mon enfance, ou le bien le plus précieux était de posséder une gourde «Grand TETRA», en aluminium. Je cogite, je pense beaucoup, j’ai réellement la sensation de me redécouvrir. Cette solitude, aurait-elle des vertus curatives, réconciliant le corps avec l’esprit. En parlant de cure, je peux vous assurer que, du côté poids, je ne suis pas en hausse, cela aussi a du bon, moi qui ai plutôt tendance à l’inverse.

180 milles, vous avez bien lu ? Et cela sans faire grand chose, miracle de la voile en Atlantique. Méditerranéen que je suis, je peux vous assurer que, pour réaliser de tels scores en Méditerranée, il faudrait se remuer.

Un nouveau Dimanche annonce la semaine de l’arrivée. RFI parle de la Mini, un certain Thierry Dubois serait en tête de la course. Je suis heureux de savoir Thierry en tête ; il y a une certaine justice, ce garçon est très capable, en plus, c’ est la joie de vivre sur un bateau. Il a l’âge de mon fils, c’est un bon copain depuis son accueil à MADERE.

J’ai tellement d’eau en réserve que je peux m’offrir une superbe toilette de luxe à l’eau douce de FUNCHAL. J’ai gardé cette flotte durant toute la traversée. Certains concurrents la balancent sitôt la ligne passée, poids oblige. Il est vrai que transporter toute cette masse sur une aussi longue distance est un handicap, mais c’est le prix de la sécurité. Il en est de même pour les détritus, les emballages, les conditionnements je conserve tout cela  pour les mettre à la poubelle à l’arrivée, à Saint- Martin. J’essaie de les réduire le plus possible pour limiter le volume. Je trouve cette obligation du règlement très normal, on ne peut aimer la mer et la souiller de nos détritus.

Samedi 20 Novembre : je reprends mon livre de bord. Vent 4/5 d’Est, mer agitée, pas de
nouvelles des ministes. Graphic trace son sillage à plus de 7 nœuds, pas trop de manœuvres, sauf le réglage permanent de la voilure. Je vais attaquer une petite lessive, plus pour m’occuper que par besoin. Il existe des journées en mer où il n’y a rien à dire, seul le moment passé compte. Même pas l’obligation de le retenir, de le mémoriser. Pourtant, ces grands trous sont le reflet d’un calme intérieur  profond, comme l’océan.

Dimanche 21 Novembre : cela se précise, du moins sur la carte. Le trait hésitant que représente ma route a une forte tendance à viser la petite île de ANTIGUA. De gros grains aimeraient bien contrarier ce cap idyllique. Ils m’obligent à mettre un peu de Nord, il faut négocier, toujours arrondir le dos. L’important sera de contourner cette marque obligatoire de parcours qu’est ANTIGUA, en perdant le moins de milles possible.

Je resterai toute la nuit à la barre en surveillant les grains. A moins de deux cents milles du but, modifier son cap est contrariant. En mer, il faut savoir accepter et subir, (plus facile a écrire qu’à faire), je ne fais que grogner.

Je commence à cogiter l’heure de passage, j’ai beau calculer et recalculer, je passerai de nuit. J’aurais préféré autrement ! Une petite note de gaieté, la radio de la GUADELOUPE entame sans interruption  zouk sur zouk et je la reçois claire, cela est un signe qui ne trompe pas.

Lundi 22 Novembre : avec, pour commencer, un bel empannage pas programmé mais heureu-sement sans casse. La nuit se couche pour laisser la place à ce gros soleil qui me suit chaque matin, pour inévitablement me doubler et me lâcher le soir venant. C’est avec lui que j’aurai le plus régaté, super régatier. Astro du matin, je serai à quatre vingts milles de mon way-point. La mer forte depuis trois jours me porte à présent sur le cap direct. Je reste à la limite de la panne, cela demande une tension importante, c’est l’addition à régler pour réussir mon coup.

Je regarde sans cesse devant avec, cette fois, la ferme intention de voir. Je sais pourtant que cela n’est pas possible, mais c’est plus fort que moi.

Maintenant, j’empanne avec précision au 240, avec encore plus de ménagement pour mon superbe canot. Il me donne si généreusement tant de plaisir, qu’il m’est difficile de penser qu’il n’est qu’un morceau de plastique élaboré.

La journée sera plus longue, les grains se suivent et se ressemblent tous. Pourtant, cela marche bien, j’arrive à les contourner souvent, parfois ils me passent dessus avec force et c’est la douche chaude ; il n’y a plus de sel sur le voilier, agréable même, je pourrais dire.

Mardi 23 Novembre 93 : grand jour. Aujourd’hui je dois retrouver la terre, si mes calculs sont justes, évidemment.

Une heure du mat : devant moi une lueur qui ne trompe pas, c’est elle, c’est mon île. Elle se rapproche, je devine des reliefs, je m’approche sûrement trop car me voilà prisonnier d’un gros bout de cordage bleu. Je devine à la minute que les problèmes commencent. Le voilier gîte normalement au vent, mais je n’avance plus. La nuit est très noire, je n’ai nullement envie de me mettre à l’eau. L’écho sondeur indique 12 mètres, j’aurais dû être plus prudent. Avec la gaffe, j’essaie vainement de me dégager ; en poussant le cordage, j’agrippe une sorte de flotteur en liège.

J’arrive à le hisser sur le passe avant tribord et à le crocheter sur le winch. Je commence à le mouliner, mais me rends vite à l’évidence que je ne pourrai le remonter. De rage, je le sectionne d’un coup avec mon couteau et, miracle, je me trouve libéré.

Sans demander mon reste et sans comprendre le pourquoi, je règle mes voiles, estime rapidement le cap pour me dégager de ce piège. Je suis crevé et dans un état d’excitation que je ne pourrais vous expliquer. La côte s’éloigne et je contourne cette fois, avec peut être trop de précaution, mon île. Le jour se lève, je dors assis, tellement la fatigue m’habite, je ne me lasse pas de regarder cette terre qui naît sous mes yeux. Je peux déjà distinguer NEVIS et CHRISTOPHER, c’est encore plus vrai que je ne l’imaginais. Les cartes de détails sont d’une rigueur étonnante.

Mardi 23 Novembre : 14 h 30, je suis par le travers de NEVIS, mon loch  me donne une estime me situant à 45 milles de la ligne d’arrivée. Pourtant rien n’est terminé, je dirais même plus, que cette journée sera sûrement longue.

De grain en grain, je progresse à bonne allure, je me surprends à parler tout haut, pour vérifier si je m’entends parler. A présent, je suis certain que mon passage de la ligne se fera de nuit, j’aurais préféré autrement mais en course, on ne choisit pas. Je fais une tentative de VHF, sans succès, mais je ne l’éteins pas, des fois que !
Le bateau sent l’écurie, il galope entre les grains,  sans vouloir ralentir. Une petite séance de récupération me ferait le plus grand bien en prévision de ce qui m’attend cette nuit ; je ne peux dormir mais m’oblige à me reposer. Je suis émerveillé du paysage qu’offrent ces îles, j’aimerais prendre le temps de les visiter une par une, encore une fois la course ! Un jour peut être je reviendrai, en touriste, cette fois.

La nuit commence à tomber doucement, je comprends mieux pourquoi le soleil me doublait chaque jour, il allait retrouver ces paradis. Je m’applique sur ma carte pour affiner mon arrivée, Enfin, j’essaye !

De nouveau la radio et miracle, une voix répond : «je te reçois, GRAPHIC !>>. Encore surpris, j’ai du mal à répondre tellement je suis surpris.

Je demande si je suis le dernier ; on me répond par la négative en me précisant que loin sans faut, sans toutefois me préciser davantage. Je demande si NADINE est arrivée <<Oui, oui, elle est partie manger>>. Et bien, tout va pour le mieux, il suffit de continuer.

Je m’applique ; à l’intérieur, c’est clean. J’ai la carte dans la tête, tout doit bien marcher, je sens la pression monter en moi comme un thermomètre sous une serre. Pourvu que le vent ne cale pas, que je ne cherche pas trop long-temps la ligne…. Graphic pour P.C. course ; Graphicpoooouuur, «OUI», je te passe NADINE. Moment fabuleux de pouvoir se parler comme cela simplement ; miracle de la V.H.F. qui passe par-dessus les montagnes sans savoir trop pourquoi et qui se refuse de parler à portée de pierre.

L’émotion me coince la gorge, mais quels moments fabuleux de savoir que l’on se retrouve bientôt. La nuit est noire et je renvoie mon bord sur l’ANSE MARCEL. Il me semble apercevoir un petit feu qui clignote à terre, j’approche à bonne allure. Un ronronnement de moteur sur mon tribord me réconforte dans mon option, il se rapproche, je devine Nadine à son bord ! ! C’est le bateau de la gendarmerie, c’est bien la première fois que j’ai plaisir à le voir. Je devine devant pas mal d’embarcations sur l’eau, je me rapproche en évitant la caille d’entrée, on me confirme qu’un autre Mini arrive 5 minutes derrière moi. Une explosion de cris, de hourra,  me tombe dessus,  des feux rouges à main déchirent la nuit, j’arrive sur la ligne, je la passe, c’est fini, ma MINI est finie. Des amis montent sur le voilier, ils le prennent en main, m’annoncent que le mini qui passe la ligne quelques minutes derrière moi, c’est mon ami Jean-Pierre MAGNAN. Les deux vétérans de cette édition à quelques minutes d’intervalle, c’est fabuleux, et cela sans avoir fait la même route. Les deux voiliers en remorque remonteront la passe sous les acclamations  de la foule et des amis. La fête, comme à chaque arrivée, bat son plein. A peine le pied posé sur terre, nous nous retrouverons, Jean-Pierre et moi, pour le traditionnel bain, tout habillés, sous les rires. Pour couronner cela, le traditionnel verre de rhum, les interviews des amis.  Enfin, de l’amitié à revendre ou à engranger pour des jours moins bons. Dans toute cette masse humaine, j’ai repéré NADINE qui, comme d’habitude, se tient un peu à l’écart de la foule. J’arrive à la rejoindre non sans mal, ils nous laissent le temps d’un petit bisou, je dis bien petit, car ce n’est pas le style de la maison.

 

 

Guy LLATA

 

 

Les OISEAUX BLESSES AU LARGE

REJOIGNENT TOUJOURS

 LA TERRE.

 

Les oiseaux blessés au large de l’océan rejoignent, par leur propre moyen, la terre. C’est encore une spécificité de cette épreuve.

Durant le temps des réjouissances, troisième mi-temps des MINIS, les candidats chanceux vont accueillir, avec encore plus de force, leurs amis moins heureux. Pourtant, ils ont souvent brillé durant les premiers moments de l’épreuve, ils ont sûrement la capacité de finir sur le podium, peut- être de gagner sans ce stupide mât qui n’a voulu rester droit, sans ce deuxième safran qui, on ne sait pourquoi, a souhaité reprendre la liberté, rejoignant son complice qui, lui, avait depuis bien longtemps pris la tangente.

Je pense souvent à ce futur vainqueur qui, sur le point de franchir la ligne d’arrivée, voit son super mât carbone, se rompre. Quelle force, quel courage il a eu pour savoir se contenir, en embrassant femme et enfants, souriant à ses amis, sans pour autant expliquer la fatalité de ce démâtage.

Et toi, le laborieux, l’obstiné, merveilleux combattant de l’océan qui, après avoir fait plusieurs fois demi-tour pour réinventer un safran, termine fièrement le parcours pour fermer une dernière fois la ligne d’arrivée. Ton superbe 6.50 jaune restera gravé à jamais dans ma tête comme gage de persévérance.

Vous êtes les vrais oiseaux du large, vos cicatrices refermées, vous repartez pour un autre voyage. Préparateurs des grands, coureurs de 6.50, vous êtes la mémoire de la course au large.

En ce qui me concerne, la course, à proprement parler, est terminée. Je dois penser à rejoindre la GUADELOUPE pour faire embarquer mon canot sur un porte-conteneur. Jean-Pierre et moi-même avons beaucoup de mal à s’arracher de notre famille. Nadine partira en avion pour préparer l’intendance, ce convoyage de rien du tout, comparativement à ce que nous venons de vivre, n’est pas tout à fait un voyage d’agrément. La mer des Caraïbes n’est pas facile à négocier dans les canaux et contre le vent, GRAPHIC n’est pas au mieux de ses performances.

Bien entendu, le contournement de l’île sous le vent se fera de nuit, je passerai même dans les SAINTES ; quel dommage de rater le spectacle ! Enfin, l’arrivée à la marina au petit jour, dans la baie de POINTE-A-PITRE, vaut à elle seule le détour.

Cap au 15°, petite brise de terre, je traverse un dortoir de voiliers au mouillage, rien ne bouge. Ultime moment de grand bonheur que ce glissement à peine perceptible de mon étrave entrant dans le port. Nadine a bien fait les choses ; une annexe motorisée vient à ma rencontre pour me conseiller de rejoindre la darse directement, afin d’éviter les frais de la place. Pas de petites économies. Jean-Pierre et Suzie dorment à poings fermés (la nuit n’a pas été simple également pour eux).

Dans les mains de notre ami ClaudeThelier, le voilier est déquillé, démâté, posé dans un coin tranquille, en attendant son transport.

Dernières vérifications avant de mettre le cadenas sur sa porte, comme symbole, le rideau vient de tomber.

Nous aurons encore deux ou trois jours pour solder les papiers de transport, louer une voiture pour visiter, goûter un peu la cuisine sous les conseils de notre ami Bistoc, se griser des marchés et du TI-PUNCH à la Route du RHUM. Jouer les touristes n’est pas désagréable.

Et puis un grand saut d’avion nous ramène à la dure réalité de l’aéroport d’ORLY Sud. Nous sommes en ce début Décembre, à l’entrée de l’hiver, il fait froid, mais quelle énergie nous avons engrangé pour attaquer le boulot.

Tiens ! nous avons raté le Salon Nautique de PARIS cette année.

 

 

 

Le Voilier a son langage

 

Abattre : Le voilier abat lorsqu’il s’écarte du vent. Laisser porter est également utilisé.

Adonner : Le vent s’écarte de plus en plus vers le travers pour passer de côté.

Affaler : Descendre une voile sur le pont, avec une certaine rapidité.

Amure : Façon dont on prend le vent. Ex naviguer tribord ou bâbord amures.

Barre : Elle peut être à roue ou franche, suivant les cas et surtout la taille du voilier.

Border : Cela consiste à aplatir la voile pour lui donner un profil ressemblant à une aile, lorsque l’on souhaite remonter le vent.

Bordure : Bordure d’une voile, bas de la voile, une grand‘voile peut être à bordure libre.

Bras : Bras de spi, cordage moderne en textile résistant permettant de contrôler le bord d’attaque d’un spi.

Bout : Ensemble de cordage textile à usage divers, ayant une utilisation secondaire.

Cap : route que suit le bateau. Ex : cap à l’Est.

Carène : Partie de la coque sous la ligne de

flottaison.

Choquer :  Laisser filer une écoute pour mollir une voile.

Chute : C’est la partie arrière d’une voile.

Ex : ouvrir la chute.

Compas :  Le contraire d’une boussole par sa graduation. Comme celui de l’écolier mais avec deux aiguilles !

Drisse : Câble ou cordage, permettant de monter une voile. La drisse dresse !

Ecoute : Cordage de bon diamètre  permettant le réglage d’une voile.

Empanner : Faire franchir le lit du vent par l’arrière en faisant passer ses voiles d’un bord sur l’autre.

Etarquer : Raidir le bord d’attaque d’une voile à l’aide d’une drisse et d’un winch.

Foc : Voile d’avant, dont le grammage et la surface peuvent varier en fonction de la force du vent.

Génois : Voile d’avant d’une surface souvent maxi à fort recouvrement.

Gréement : ensemble des composants (câbles mât bôme) permettant de hisser les voiles.

Girouette : Petite flèche placée en haut du mât permettant de visualiser la direction du vent.

 

 

Gîte : Inclinaison que prend le voilier sous l’effet du vent.

Harnais : Sangle formant gilet que l’on passe autour de soi pour assurer sa protection, en gardant toujours contact avec son bateau.

Latitude : Distance angulaire comptée pour un lieu ou un astre donné à partir d’un plan équatorial de référence perpendiculairement à ce plan, de 0 à +/-90°, positivement vers le Nord.

Loch : Appareil mécanique  et aujourd’hui électronique qui indique la distance parcourue.

Loffer : C’est le contraire  d’abattre. Loffer au vent c’est monter au vent, c’est entrer dans le lit du vent. pour éventuellement effectuer un virement.

Longitude : C’est l’éloignement d’un lieu vers l’Est ou l’Ouest  par rapport au méridien de Greenwich, demi-grand cercle au point de départ  d’un découpage en tranches passant par les pôles sur 180° d’un bord et 180° de l’autre.

Louvoyage : Tirer des bords face à un vent debout, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre.

Loxodromie :  Le plus court tracé sur une carte d’un point à un autre.

Nœud : Mesure de vitesse correspondant à autant de << milles marins ou nautiques>> parcourus en une heure.

Quart : Période de temps durant laquelle on a à assurer la barre et la veille ainsi que les différents réglages.

Refuser : Le vent refuse lorsqu’il a de plus en plus tendance à vous faire dévier de votre route directe.

Ris : Réduire la surface d’une voile en la  ferlant par le bas, pour diminuer sa surface.

Safran :  Partie immergée du gouvernail.

Sondeur :  Dit souvent <<écho sondeur>>, appareil électronique permettant de mesurer la profondeur de l’eau sous la coque.

Skipper : Franglais de Cap’tain.

Speedomètre :  Enregistreur de vitesse.

Spinnaker : Voile d’avant en forme de Ballon souvent en nylon, de plusieurs couleurs.

Tangon : espar (longue pièce de bois, métal ou plastique) que l’on fixe au mât, réglé par un hale-haut et un hale-bas, permettant de déborder une voile, indispensable pour l’utilisation du spi.

 

Radiographie de GRAPHIC

 

Graphic est né en 1990, sur la table à dessin de Gilles Brétéché, Architecte NANTAIS,   grand spécialiste des carènes étroites.

Il est réalisé par Gil CARMAGNANI, dans son chantier de Loc Mariaquer. en 90/91.

Son nom de baptême est INTREPIDE, il a un frère jumeau,  CAMASOUTRA, qui possède exactement les mêmes caractéristiques. Il sera mené par Valérie CLOUART durant la même épreuve.

 

Leurs mensurations sont les suivantes.

Longueur         : 6.50 mètres.

Largeur          : 1.90 mètre..

Tirant d’eau     : 1.98 mètre.

Tirant d’air      : 12  .mètres.

Poids de la coque : 200 kg environ.

Poids total        : 800 kg environ.

Surface de voile au près : 40 m2.

Surface de voile au portant : 90 m2 ( grand spi en tête) + grand’voile.

Surface de voile au portant :75 m2 (spi médium) + grand voile.

 

 

 

 

A mes amis sponsors,

A mes clients amis,

A tous ces aventuriers de l’ombre

qui rendent mon travail de VRP
en imprimerie encore supportable.

A ma famille, mes enfants, qui eux, connaissent le peu de risques que je prends pour avoir l’envie encore de rentrer à la maison ! Même si l’océan au grand large

est prenant.

 

 

Achevé d’imprimer par

mes soins sur mon PC,

le jour de la Sainte ELODIE,

le 22 OCTOBRE 1999.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

27 juin 2011

Retour d'une transat par les Açores

Un voyage sans problèmes avec Air France, même à l’heure et sans surprise nos sacs étaient présents à l’arrivée. Notre amie Paula nous attendait comme dab. Juste un petit grain pour rafraîchir et l’embouteillage traditionnel pour quitter l’aéroport. Nous avons trouvé le ponton de Girls et celui-ci, et déjà quelques amis d’avant. La station a bien évolué avec des bâtiments neufs, cela fait moderne mais pas choquant. Le voilier(GIRLS) étant clean. Une bonne nuit nous attend pour récupérer le décalage horaire.

 

Courrier à GIRLS (les heureux propriétaires)

Nous commençons à connaître dans le détail ce super canot qu’est le Bénéteau 473.  Notre avitaillement touche à sa fin. Aujourd'hui lundi nous sommes encore sur la place à quai pour tout terminer et ne rien négliger. Votre ami Eric Jean-Joseph DG du port nous a confirmé que financièrement cela ne changerait rien car votre contrat à quai est dans un forfait qui se termine mercredi. Demain nous allons le saluer car nous quitterons la place pour rejoindre le mouillage à quelques brasses et ensuite quelques jours sur Sainte Anne. Nous avons jusqu'au 31 pour récupérer notre ami Robert en Guadeloupe, terminer les pleins et faire le frais et se positionner avec la météo pour un départ dans les 8/10 premiers jours d'avril du Nord Guadeloupe ou Antigua.

Donc, pour résumer tout est déjà au point, plus rien ne cloche, je viens de vérifier les feux de navigation, c'est ce que j'avais compris dans la modification du tableau, tout est à présent en haut du mât. Pierre, un ami de Port Camargue, nous surveille. Il vient d'ailleurs de récupérer ses femmes à l'avion du soir. Il  nous a prêté son annexe pour terminer l'avitaillement n'étant pas ainsi obligés de mettre à l'eau la nôtre et lui trop heureux de nous rendre service! Pour le rhum je ferai le maxi avec l’avis des douanes, je pense que cela ne sera pas un problème. Pour le moment nous faisons des essais…toujours concluants et en bonne compagnie.

Les Gones flottants Nadine et Guy

<le 23/03/11>

Depuis 24 heures nous sommes au mouillage dans Le Marin. Quelques inconvénients nous n’avons plus l’ordi et les bases Wifi sont trop loin. Il y a pas mal de vent la journée mais la nuit ça se calme et elle a été bonne.   La soirée ns l’avons passée avec des amis <ex Topette et à présent Olympe> des bretons rencontrés en Méditerranée et ensuite aux Antilles.  Ils viennent d’acheter un cata d’occase mais de 4 ans. Cela ne leur empêche quelques pannes (batteries douteuses) enfin ils sont satisfaits de leur choix heureusement car leur bébé a coûté 260000€. Aujourd’hui encore quelques courses en annexe <plus facile qu’à pied> et demain jeudi nous partirons pour les Anses d’Arlet et commencerons doucement la remontée de la Martinique jusque en Guadeloupe où ns attendrons Robert qui arrive le 31 avril.  Le compte à rebours est commencé. Tu as bien des choses de Pierre qui vient de recevoir son épouse et  sa belle-sœur pas du tout bateau, son épouse ne veut même pas sortir jusque Sainte Anne, sa belle-sœur serait plus partante, encore un qui a fait le mauvais choix, enfin concernant le voilier !

 

Samedi 26 mars 2011. Nous sommes aux Anses d’Arlet depuis 15H locales et il n’arrête pas de pleuvoir au point tel que nous avons dû zapper le resto, il faut que ça pleuve !  Avant nous sommes restés jeudi et vendredi devant Caritan, enfin devant le club IGESA Nadine vient de commencer l’écriture des cartes postales que nous posterons dès que possible. Bien sûr pas question de se connecter pour le moment mais nous allons trouver la solution dans les prochains jours. J’ai commencé le carénage à la spatule et en plongée du voilier, c’est un gros morceau mais cela se fera dans le temps avant la traversée. Je dois réserver un peu de boulot pour Robert qui nous rejoint jeudi.

Girls est au point j’ai terminé hier la dernière bricole et je commence à bien le connaître il marche très bien et a des mouvements doux. Bon alors ce soir soirée calmos cela ns changera d’hier soir où ns sommes allés manger les ribs avec nos amis.

à bientôt Nadine et Guy

 

Salut les Paccaud Girls, Chers amis,

Nous sommes aux Anses d’Arlet sous une pluie battante le mouillage est calme. J’avais déjà  commencé le carénage de la coque devant Sainte Anne. Cela se fera en plusieurs fois mais c’est un gros morceau et la végétation avait tapissé sur une épaisseur de 10cm, un vrai fond d’aquarium, mais très peu de coquillages et j’ai l’impression de faucher les gorgones à la spatule. En dessous la sous marine est bonne et la couche suffisamment épaisse. Je dois aussi laisser un peu de boulot < la quille> à notre ami Robert qui arrivera jeudi à Pointe à Pitre Guadeloupe. J’ai trouvé la panne des panneaux solaires, c’était le fusible jaune de 20A qui était mal enquillé. Je n’ai donc plus de bricolage et Girls est dans sa configuration de traversée. Cet après-midi nous avons navigué voile et moteur <1500TM>. J’ai emprunté une manivelle de winch à notre ami Pierre car je n’en ai trouvé qu’une à bord et je lui ai prêté une bouteille de gaz vide. Nous referons les échanges à l’arrivée sur PC. Voilà, demain en principe nous continuons plein Nord avec une nouvelle étape sur Saint Pierre ou la Dominique suivant la météo qui n’est pas très bonne depuis quelques jours, mais ici cela change si vite ! Nous ne sommes pas pressés (j’ai retrouvé la deuxième manivelle de winch au fond du coffre outillages).

Nadine et Guy

 

Salut Aimé Chère Monique <Amis navigateurs très proches>

Nous sommes depuis lundi midi aux Saintes après une préparation d’une semaine en Martinique. J’ai épluché de A à Z tous les coins et recoins de GIRLS et réparé ce qui ne fonctionnait pas, manette des gaz grippée, guindeau fils fondus et prise KO. J’ai trouvé la panne des panneaux solaires, c’était le fusible jaune de 20A qui était mal enquillé. Enfin il ne fait pas bon laisser un voilier sous le climat des Antilles sans une préparation pour le stockage sérieuse car ici le mot hivernage fait rire ! Notre galop d’essais Martinique Guadeloupe s’est ainsi bien passé et le voilier est facile à manœuvrer même à deux. Malgré le début du carême nous avons un régime de grains importants,  mais le charme des Saintes fait passer bien des choses. Jeudi soir nous serons à Marina Bas du Fort pour attendre notre ami Robert et ensuite petite attente météo pour lancer la traversée, sûrement fin ou début de la première semaine ou début de la suivante. Nous pensons très fort à vous deux et regrettons le jeune âge de Monique pour que nous ne puissions l’entraîner dans nos aventures alizéennes sans l’obliger à la traversée.

Nadine et Guy dits les Gones flottants.

 

30 mars 2011 : lettre aux amis.

Les Saintes  le 30 mars îlots à 15MN de la Guadeloupe< Flash back>

Nous avons quitté samedi midi Caritan et en quelques heures rejoint les  Anses d’Arlet et à peine mouillé une pluie battante <grain> rince le mouillage. Pas besoin de nettoyer et dessaler le pont ! J’avais déjà  commencé le carénage de la coque devant Sainte Anne. Cela se fera en plusieurs fois, mais c’est un gros morceau et la végétation avait tapissé sur une épaisseur de 10cm un vrai fond d’aquarium, mais très peu de coquillages, j’ai l’impression de faucher les gorgones à la spatule. En dessous la sous marine est bonne et la couche suffisamment épaisse. Je dois aussi  laisser un peu de boulot < la quille> à  notre ami Robert qui arrivera jeudi à Pointe à Pitre Guadeloupe. Girls notre voilier est à présent au point pour traverser. J’ai terminé hier la dernière bricole et je commence à bien le connaître. Il marche très bien et a des mouvements doux Bon, alors ce soir soirée calmos, cela ns changera d’hier soir où ns sommes allés manger les ribs avec des amis au petit village de Sainte Anne. Suite …

Nous remontons la Dominique dans un mélange d’alizé et de vent tournant sous le passage des mornes plus élevés. La mer a fondu sous le couvert de l’île. La traversée du canal entre la Martinique et la Dominique reste virile avec une mer de 1.80m et un vent d’Est de 25nds. Cela reste un bon test pour le réglage de la voilure et notre Girls semble avoir du répondant. Notre soirée se terminera dans le grand mouillage du N de la Dominique <Prince Ruppert’s Bay>. L’accueil des barques nous vantant leurs services est de coutume mais comme nous connaissions Spaghetti, sûrement le doyen, nous avons eu un corps mort d’honneur. Christian le fruit-man encore plus pauvre que lui dans une caisse plus qu’une barque écopant sans arrêt, nous proposa quelques fruits <bananes et pamplemousses rustiques mais excellents>  et pour 15€ car nous n’avons pas de biwi, monnaie des îles 5 fois plus faible, ils étaient heureux du change. Nous avons eu une nuit d’une tranquillité de prince sous leur surveillance. Nous nous endormîmes bercés par le Zouk local, nous avions été invités au barbecue sur la plage mais trop fatigués nous préférions en rester là. Lundi matin 7H nous lâchons la bouée d’amarrage de Spaghetti montons la grand voile et nous nous laissons glisser hors du mouillage sous un soleil déjà chaud. Cliché de rêve, cela existe encore. Nadine prépare le petit déjeuner, pas besoin de parler, tout est là, devant nous, nous devinons les Saintes et par derrière la Guadeloupe, sous notre tribord nous voyons Marie Galante. Nous aurions envie de ne plus bouger, de figer la photo.

Amitiés marines de Nadine et Guy dits les Gones flottants.

A suivre.

 

 Les Saintes (paradis des marins) le lundi 5 avril 2011. Salut les Amis.

La récupération de notre ami Robert sur Marina Bas du Fort s’est très bien passée et mon recul à quai en marche arrière super grâce aux hélices d’étrave. En fin de compte nous ne sommes restés qu’une nuit au port, juste de quoi affiner l’avitaillement et compléter le plein de gasoil <50L> et d’eau. Le lendemain nous repartions pour le mouillage de  Gosier un peu rouleur pour Robert et de suite retour aux Saintes où nous bullons.  Nous avons terminé le carénage de la quille ce matin avec le bloc de plongée, revu la commande de gaz qui retrouve sa configuration d’origine, la séance dégrippage a bien fonctionné et elle retrouve sa douceur d’antan. Avec la nouvelle prise le guindeau fonctionne comme lorsqu’il était neuf. Le petit hors-bord nous emmène chaque jour à terre. Nous surveillons la météo qui se présente pour le moment bien. Nous souhaiterions avoir la connexion Iridium pour samedi ainsi, si rien ne change, début de semaine prochaine nous prenons la grande route Voilà chers amis tout est pour le mieux. Grosses bises à tous et sûrement encore un petit mail avant le départ et ensuite l’Iridium prendra le relais.

Nadine et Guy plus Robert dits les Gones flottants

 

Salut.

Nous sommes de retour aux Saintes depuis quelques jours où nous bullons très fort. Notre Robert s’amarine et commence à prendre la couleur locale. Nous profitons au maxi car l’entretien s’est terminé ce matin avec le carénage de la quille. Notre voilier Girls est dans un état parfait et très confortable, à trois on se cherche. Le temps est toujours super. Nous pensons très fort à vous et sommes conscients que nous avons beaucoup de chance. Si la météo continue comme cela début de semaine prochaine nous lèverons l’ancre, cap sur les Açores.

Nadine et Guy

 

 

 Journal de bord de GIRLS.

 

ANTIGUA 17°00N et 61°45W le mardi 12 avril 2011.

7H locales. Oui c’est du mouillage d’Antigua que nous partons avec un ciel bien triste balayé par les grains, pas de vent, normal nous sommes sous le couvert de l’île. 12H plus de moteur petit vent 15nds d’Est nous marchons 5/6nds cap 30° à 50° du vent dans des petits grains répétitifs.

18H30 nous traversons un très gros oui très gros grain fort en vent 35N mais qui aplatit la mer comme un billard. Alors Girls passe plutôt bien avec ses douze tonnes et ses 14 mètres. Nous gardons capote et bimini, ouf.

 

Mercredi 13 à 0H posi18°25N et 61.14W distance 78MN d’Antigua.

La mer est belle. A 2H Robert bien que barbouillé assume son quart pour 2 heures. Nous nous faufilons au travers des grains plus au moins importants et violents. La nuit passe ainsi avec la reprise de Nadine vers 5H comme dab. 12H en cherchant la farine dans le coffre bâbord  Nadine constate qu’il y a de l’eau. Nous sommes obligés de le vider et transférer la nourriture. Nous évaluons la fuite à 5 seaux toutes les 3 heures donc une fuite importante. Pendant que mon pain lève je cherche en vain la fuite et nous continuons à vider les seaux.

 

 

Jeudi 14 à 0H posi20°31N et 60°46W 100MN en 24 h.

Nous cherchons toujours la fuite et ne comprenons pas où est la source. J’ai inspecté toutes les vannes, le presse-étoupe, les bases de chandeliers, la jonction de la cloison avant, enfin tout ce qui peut laisser entrer l’eau. La nuit est tranquille seul le mal de mer de Robert nous inquiète, il souffre vraiment et même s’il prend sur lui nous voyons bien qu’il ne garde aucune nourriture. En cherchant la fuite avec une lampe je découvre sous le réservoir des eaux noires, dans un endroit vraiment inaccessible sans démontage, la fuite est grosse comme le petit doigt. Séance de démontage de la cloison, mais pour extraire la cloison il me faut démonter une partie du cabinet de toilette, je vous passe le temps et les détails, le fait est  qu’avec deux pinoches la fuite s’arrête ainsi que le siphonage et c’est là le plus important. Soulagement général car j’envisageais de rejoindre Saint Martin à 400MN. Il nous faudra plusieurs jours pour extraire toute l’eau qui s’était répartie dans les fonds et sécher la moquette. La traversée n’est plus compromise.

 

Vendredi 15 à 0H posi22°47N et 60°19 E 120MN en 24 h, pas si mal vu la journée. La nuit est belle j’ai la visite de Robert qui me dit aller un peu mieux mais je vois bien que ce n’est pas terrible et qu’il se bagarre avec lui-même. Nadine assure toujours les relèves au lever du jour, heureusement car la nuit est longue.

7H pour la première fois léger rayon de soleil 8H3O récupération générale. Je prépare un cake lardons tomates. La houle est plus longue, c’est mieux pour Robert mais il est bien jaune ! Ce soir ce sera jambon beurre et pâtes, nous aimerions le voir garder un peu de nourriture, pour le moment ce n’est pas le cas. 20H nous passons un très gros grain, je laisse courir Girls durant une bonne 1/2h pour en éviter d’autres en travers de notre route. Le vent est à 25nds, la mer est de nouveau agitée, notre moyenne en fonction des éléments est modeste mais convenable et surtout quelques ruissellements de-ci de-là mais plus d’entrée d’eau, il faut voir ce qu’il tombe sous les grains.

 

Samedi 16 à 0H posi24°52N et 59°39W 118MN en 24 h.

Beaucoup de changements de rythme, le vent force à 30nds, quelques petites déferlantes, merci capote et la hauteur sur l’eau de Girls. Quelques rayons de soleil suivis de brume et pluie, toujours très nuageux enfin nous progressons modestement mais sûrement. Notre Robert assume mais c’est pas ça et cela commence à nous inquiéter.

 

Dimanche 17 à 0H posi27°03N et 59°17W 117 MN en 24h.

La nuit est difficile, toujours pluie et grains, la mer devient forte et de face. Nous naviguons à 50° du vent pour éviter de taper. Je fabrique un pain, cela arrange l’atmosphère intérieure. Robert souffre vraiment il reste allongé pour ne pas déranger, il perd du poids. Nous passons la journée dehors avec Nadine à discuter souhaitant que cela passe. 21H le lock marque 111MN. 23H toujours en veille en haut je mets Girls en allure réduite pour éviter de le faire taper et pouvoir me reposer par tranche de 20mn en bas. Triste dimanche ! Oui vraiment difficile jusqu'à présent ce retour, en plus ça commence à se refroidir 15°.

 

Lundi 18 à 0h posi29°17N et 58°30W   125MN en 24h, il fait froid.

Mer très forte d’après RFI météo marine que nous prenons chaque jour à 11H30 Antilles. Pourtant le baro est à 1020, dans la journée le ciel est souvent bleu, nos panneaux solaires donnent à fond, c’est très rassurant, notre cap s’arrange ainsi que Robert. Je prépare un couscous bateau non pas des boîtes, cela m’occupe et me sort du pont où je passe 90% de mon temps. Robert et Nadine veillent c’est sympa. Pour moi une petit sieste réparatrice dans l’après-midi, journée bien mieux qu’hier, nous positivons. La première île qu’est Flores est à 1400MN. 2592kms 17H ça bouge toujours mais plus supportable malgré l’allure près du vent. 84MN depuis 0h.

 

Mardi 19 à 0h posi31°03N et 56°52W baro 1023 111MN en 24h brume.

Je réduis la voilure car le vent force,  la mer est agitée à forte.

4H15 nous croisons un cargo et vérifions ainsi l’AIS c’est super.

8H météo inchangée, toujours des grains mais le vent repasse en dessous mer houleuse de face et re ciel gris. Le vent tombe à 14nds, toujours au près serré au 80° pour 90° sur le cap. Journée passable sauf Robert peut-être un léger mieux mais toujours jaune ! Malgré une semaine de mer. Je pensais que cela s’arrangerait au bout de trois jours.

 

Mercredi 20 à 0H posi32°27N et 55°05W 111MN en 24 h pluie et soleil.

Bonnes conditions et relève de Robert, mais le vent tourne de 30° évidemment dans le mauvais sens, nous revoilà à 60° de l’objectif !

Pas de changement dans la météo. 13H30 nous recroisons un cargo faisant route vers les Bermudes ainsi que pas mal de dauphins et des

« Argonautes » le nom scientifique est PHYSALIE. Le vent réadonne ! Nous prenons le repas tous les trois à table. Je prépare deux pains. Le vent retourne et nous assure un cap au 80° <c’est L’Amérique> mais petite vitesse 4nds. On se traîne ça repose !

 

Jeudi 21 à 0H posi33°34N et 53°33W 98MN en 24h mais sur le cap.

Robert me relève à 3H J’en avais besoin, il y a du mieux il est moins jaune et retrouve les bruits de ses boyaux ! Bon signe il ne reste plus qu’à les remplir. Toujours petite vitesse mais sur le cap. 4h relève de Nadine. 7H30 prise d’une météo favorable. 12H apéro et chique-taille de « bacalao » morue aux pommes de terre. Sieste au soleil, je sèche ! Nous marchons 5nds au cap 100 Cela s’arrange, le moral aussi. 20H30 le vent tombe nous mettons du moteur. Quelques nuages, nous marchons 6nds sur le cap.

 

Vendredi 22 à 0H posi34°18N 50°50W 130MN en 24h grâce au moteur.

Le vent est à plus de 20nds et notre cap est bon. Nous sommes à moins de 1000MN (1650km) de Flores. 4H Nadine relève Robert nous avons la visite d’un petit cachalot peu farouche ainsi que de nombreux dauphins. Ptit déj super avec pain bateau beurre confiote. Je fabrique deux pizzas dont une « calsone ». Bons moments, Robert renaît et surtout remange et garde. Un petit couinement en provenance de la barre tribord me gène mais ! Je resserre des vis sur le portique des panneaux solaires. Nous traînons à quatre, cinq nœuds parfois six . Bonne journée en général.

 

Samedi 23 à OH posi34°52N et 48°13W journée à 130MN et 968MN d’Horta (île de Faïal), ça fait du bien de passer sous les 1000. Robert me relève vers 1H cela fait du bien de le voir reprendre goût à la vie de marin.  4H nous relevons Robert et essayons de tangonner le génois. Le bruit de la barre à roue me gène, je démonte dans un calme par un accès sous le compas, bien vu, une vis reliant celle-ci se fait la tangente donc réparation huilage remontage cela occupe le temps et ça marche.

12H rentrons de nouveau dans des grains violents, donc nous détangonnons, bien fait, le vent vire de face et en force pour retomber et reprendre de plus belle à 35/40/45nds, nous ne faisons même plus le cap, nous étalons au mieux. 21H il fait nuit et très froid je suis trempé, le vent hurle et la mer forcit 55N.  Je note la position et mets le voilier à la CAPE (génois réduit bloqué et barre attachée à contre). Le voilier monte et descend la vague doucement et ne dérive que peu. J’explique la technique à Robert pour le rassurer et je vais dormir sur le plancher en bas, dans le carré, bien à l’abri et me roule dans une couverture pour récupérer sans oublier de faire un 360° à l’extérieur  toutes les 20mn ainsi je récupère dans une ambiance presque calme. Nadine aussi reste en éveil je compte sur elle pour surveiller mon sommeil car je suis crevé.

 

Dimanche 24 0H posi34°52N et 46°20W  à la cape depuis 2h30  88MN

2H le vent se stabilise à 30/35 j’ai bien récupéré et  remets Girls en route voilure réduite, la mer est creuse mais moins cassante. Route 115/120 pas brillant. La mer toujours de face semblerait s’arranger, la journée s’annonce difficile. Je fabrique dans cette journée deux pains, je pense être dans le Golf Stream, un courant favorable de 1 à 2 nds, l’optimiste que je suis repositive. 18H nous croiserons un cargo et des tortues. Nous sommes donc bien sur la route et sûrement dans le courant du Golf Stream. 22H30 Un cargo nous remonte sur notre bâbord, le vent est instable en force et direction pour finir par tomber. Il y a des journées comme cela, c’est l’Atlantique !

 

Lundi 25 0H posi34°41N et 44°24W  96MN, visée au GPS pas si mal.

J’utilise la comptabilité des milles parcourus avec le GPS car le lock est pessimiste de presque 10%. Plus de vent j’en profite pour faire un peu de moteur sur le cap 80. 3H reprenons la voile mais sur le cap avec l’établissement d’une houle longue, le vent s’orientant W <chic chic> 15H30 cela recommence à bricoler, nous avons du mal à quitter cette dépression. Je dois changer la bouteille de gaz. 18H repas spaghetti comme Nadine sait les réussir, cela te requinque deux hommes vite fait. Nous croisons deux autres tortues au gré du courant. Un nouveau cargo nous remonte il se nomme Erika, super l’AIS (détecteur de cargos pour simplifier). Sérieuse visite des dauphins de plusieurs heures, photos de Robert. 20H je suis toujours sur le pont mais le froid me gagne, je descends pour me réchauffer, Nadine veillera jusque 24H merci !

 

Mardi 26 posi 34°50N et 42°35W 90MN au GPS sur le cap, encore une petite journée ! Toujours sur le cap. 0H  je croise Nadine discrète mais là,  ns marchons 4nds mais sur la route 2h40 toujours sur le cap et même vitesse (4nds)  4H Robert me relève je vais dormir 6h petit déj bien à plat voiles tangonnées ns marchons 5nds ( il y a du mieux) 18H nous commençons les quarts car ns sommes toujours à l’heure des Antilles. Le vent passe au travers d’un seul coup comme en Méditerranée et 25nds de vent l’accompagnent, chouette nous avançons en vitesse et en cap 20H position pour la nuit inchangée et 20nds bien établis mais mer forte. Girls passe bien à la vague.

 

Mercredi 27 posi35°44N et 40°22W  121MN au GPS

Je pense à faire un bisou à Nadine dans son sommeil pour son anniversaire discret. 0H je croise Robert qui œuvre normalement, la mer est forte et nous déboulons à 6/7nds dans la froidure. Je remarque qu’il a passé le harnais. 11H apéro et repas choucroute, toujours un dessert, sieste dans l’après-midi, la fatigue commence à marquer les visages. Le vent lâche un peu et reprend. Ce soir soupe chinoise soupe miracle pour tout le monde.  Nous sommes à environ 400MN de Flores et 500MN de Horta.

 

Jeudi 28 posi36°35N et 37°56W 130MN dans la journée sur le cap.

0H soit 4HTU le vent cale. 0H je reprends Robert ça bricole 4/5nds

3H mise au moteur, 5H18 remise sous voile à 1 ou 2 noeuds mais nous devons économiser le gasoil 10H essai de voiles en ciseau 18H eh bien nous marchons ainsi à 5nds droit sur le but, ciel gris et léger crachin humide. 20H le vent refuse et nous détangonons. 22H la pluie s’installe mais le vent reste à 60°.

Bonne nuit en perspective, c’est çà la plaisance ! 

 

Vendredi 29 posi37°28N et 35°44W 119 MN au GPS dans la journée.

Je reprends Robert. 2H nous traversons un très gros grain vent 30nds.

3H nouveau réglage Nadine me rejoint. 6H je fais tourner le moteur 30mn pour les batteries car manque de soleil.11H repas lentilles avec le reste du jambon de Robert, le vent passe au près ns croisons le cargo Normandie (nom que ns donne l’AIS) qui ns salue à la VHF. Vent toujours au près 16/20nds.11H30 annonce du coup de vent sur les Açores par RFI. Je replie avec Nadine par précaution le bimini, mais pas nécessaire pour le moment, on verra, deux précautions valent mieux qu’une. 15H je viens de faire une sieste, la vitesse reste bonne 6/7 ainsi que le cap. Je refais tourner le moteur car soleil insuffisant. 22H Robert prend le quart de 22H 0H le vent n’est pas plus fort que dab, nous restons en veille prêts à intervenir.

 

Samedi 30 posi37°55N et 32°51W 140MN GPS dans la journée.

Notre zone Açores ainsi que Porto et Gibraltar sont toujours en coup de vent. Horta serait à 203MN, je reprends Robert qui assume bien et ne semble plus touché par le mal de mer mais qui a bien fondu. Les traits de son visage gardent bien la trace de la souffrance. 4H je peux renvoyer toute la toile. 8H30 mise au moteur 1500t pour aider.10H30 ça redonne sous voile seule. 15H le coup de vent semble prendre forme mais pour le moment 25/30 c’est plutôt bien. 23H ah le vent rentre pour de bon mais au travers, alors c’est bien sauf la mer qui reste forte mais bien supportable par le travers !

 

Dimanche 1er mai posi38°21W et 30°16W 124MN et 121 d’Horta.

Avec ce vent nous sommes certains d’arriver aujourd’hui. 3H montée de Robert vent 30 nds, la mer est agitée à forte mais nous marchons super.

5H Nadine est sur le pont ns préparons notre arrivée ns marchons fort dans la piaule. Nous sommes à moins de 50MN de Faïal 10H nous devinons l’île mais pas Pico trop de brume nous avons la ligne GSM pour joindre les enfants les Paccaud (propriétaires de Girls). 12H nous arrivons dans le port d’Horta. Le quai d’accueil est libre, enfin presque car un énorme cata de 90 pieds est devant la pompe de gasoil. Les formalités seront vite faites car le dimanche c’est plus calme. On nous accorde une place sur un cat way que nous prenons doucement car le propulseur d’étrave nous a lâchés juste en arrivant. Le port est à moitié plein ou vide, c’est comme vous le voulez ! Nous sommes en avance sur la saison. Amarrage sérieux car ça souffle encore. Douche à bord, allons faire découvrir Peter Café Sport à Robert, bières, apéro, palabres, repas. L’ambiance est inchangée, mais pourquoi changer une affaire qui marche. Retour sur Girls, extinction des feux même s’il fait encore jour nous avons tellement d’heures de sommeil à rattraper et quel plaisir de s’endormir propre en tenue de nuit sans attendre un réveil surprise ou un bruit qui vous gâchera votre sommeil. A nous demain les travaux d’entretien nécessaires et le temps de savourer le plaisir de ce coin de paradis pour marins.  Nous resterons jusqu’au jeudi 5 mai jour de départ pour Ponta Delgada sur l’île de Sao Miguel la plus Est de l’archipel si l’on oublie Santa Maria mais 60MN plus Sud. José vient saluer notre départ, nous avons tous les pleins. Malgré les 160MN cette traversée sera une formalité pour Robert et nous-mêmes. Nous pensons ne rester que quelques jours en attente météo mais c’est une autre histoire.       

 

Chers amis PaccaudGirls.

Nous venons d’arriver ce vendredi 6 juin à Ponta Delgada 12H  dernière île des Açores enfin la plus à l’Est et c’est de là que nous espérons partir dimanche pour rejoindre Cap ST VINCENT et ensuite GIB La Linea <évidemment si tu comptes nous retrouver pour récupérer GIRLS ce qui ne serait pas une mauvaise idée>. Mais en consultant les fichiers nous nous trouverions mercredi jeudi vendredi dans une forte dépression de 25/35nds presque dans le nez. Donc je me donne jusque dimanche 8 pour prendre une décision les fichiers pouvant évoluer. Malgré cette froidure qui nous tient depuis notre arrivée sur les Açores 12/14°<<passage de fronts froids du N>> nous avons une bonne forme et avons bien récupéré de la transat. J’ai de bonnes nouvelles de Pierre qui part en remontant jusque la Guadeloupe. Il est avec un ami et sa santé est très bonne ainsi que le moral, c’est le plus important et je pense que Mai est moins rude qu’Avril..Votre voilier est confortablement installé dans la marina et à moins de 18€ la journée, que demande le peuple. Nous profitons de son confort puisqu’il n’y a plus de bricolage à faire. Le computer du pilote fonctionne bien et je l’ai complètement isolé de l’eau et embruns de sel. Voilà, je termine pour ce soir et vais dormir car la nuit dernière était musclée 25/30 dans le 120/140 et nous avons bouclé les 160MN en 26h sous génois tangonné et petit travers <100°> sur la fin. BIZZZZZ à demain Nadine et Guy.

 

Nous venons d’arriver ce vendredi 6 juin à Ponta Delgada 12H  dernière île des Açores enfin la plus à l’Est et c’est de là que nous espérons partir dimanche pour rejoindre Cap ST VINCENT et ensuite GIB La Linea si Thierry nous y attend  bien sûr. Mais en consultant les fichiers nous nous trouverions mercredi jeudi vendredi dans une forte dépression de 25/35nds presque dans le nez. Donc je me donne jusque dimanche 8 pour prendre une décision, les fichiers pouvant évoluer. Malgré cette froidure qui nous tient depuis notre arrivée sur les Açores 12/14°<<passage de fronts froids du N>> nous avons une bonne forme et avons bien récupéré de la transat. J’ai de bonnes nouvelles de Pierre ami de mon fils. Girls est confortablement installé dans la marina et à moins de 18€ la journée que demande le peuple. Nous profitons de son confort puisqu’il n’y a plus de bricolage à faire. Ponta Delgada n’a rien à voir avec Horta mais très agréable malgré son bétonnage. L’arrière vieille ville reste la même et en faisant un peu attention on retrouve les prix bas et les vrais restos. La météo pour envisager la traversée est très mauvaise alors nous devons attendre des jours meilleurs et nous recevons si vous nous  envoyez vos @ ! Nous vous tiendrons au courant lorsque nous serons sur l’Espagne. Grosses bises à vous tous  Nadine et Guy Robert .

 

Salut.

Bien du plaisir d’avoir de vos nouvelles. Pour nous pas grand changement. Nous attendons des jours meilleurs pour pouvoir décider du départ et rejoindre Gib. Ici aujourd’hui la journée était plutôt belle avec même un peu de soleil. Dans le voilier nous avons découvert que la clim était réversible et qu’elle savait chauffer, alors nous n’avons plus froid depuis deux jours. Nous occupons nos journées avec la découverte des mastodontes, ces super gros bateaux de croisière, qui font escale quelques heures ici, plus gros les uns que les autres, cela occupe. Le soir nous avons trouvé un petit resto à quelques € cela nous convient et c’est en plus bon.

 

Salut les amis voileux. Mercredi 11 mai.

Toujours en attente d’une météo praticable pour traverser sur Gibraltar.

Pour nous pas grand changement depuis notre arrivée sur Ponta Delgada <île capitale des Açores Sao Miguel>. Nous attendons des jours meilleurs pour pouvoir décider du départ pour rejoindre Gib. Ici aujourd’hui la journée était plutôt belle avec même un peu de soleil. Dans le voilier nous avons découvert que la clim était réversible et  savait chauffer alors nous n’avons plus froid la nuit depuis deux jours. Nous occupons nos journées avec la découverte des mastodontes, ces super gros bateaux américains <Nassau> de croisière, qui font escale quelques heures ici, plus gros les uns que les autres avec leur cargaison de touristes de toutes nationalités, cela occupe. Le soir ns avons trouvé un petit resto à quelques € cela nous convient et c’est même bon. Nous nous faisons quelques amis sur le ponton.

Aujourd’hui nous avons eu le soleil, ça fait du bien, ça réchauffe. Au programme, toujours consultation météo en priorité, qui n’évolue pas trop, ne change pas trop, toujours de l’Est et un vent fort <40/50N> sur la route jusque Gibraltar. On patiente encore. Quand ns partirons il faudra compter une dizaine de jours jusque Gib mais ça peut être plus. Il ne faut pas s’inquiéter si on met plus car en bateau on ne sait jamais exactement, patience … Sur la traversée on s’inquiétait quand on voyait les 3 semaines arriver car avec les calmes, on risquait de dépasser et on craignait que la famille se fasse du souci, et pourtant on aurait pu dépasser facilement car on a eu beaucoup de calmes.  Girls voilier plus confortable fait de moins bonnes moyennes que nos Gones toujours un peu régate simplement car il est plus lourd et moins voilé mais le confort a du bon et au port nous retrouvons une véritable résidence, c’est peut-être pour cela qu’il ne veut plus le quitter. Hier des amis régatiers ont tenté un départ, pourtant l’équipage était musclé eh bien dans la nuit ils renonçaient et rejoignaient le port au petit matin ayant rencontré des vents contraires de 40/50 nœuds et une mer forte. Voilà la vie de marins volontaires et amateurs n’est pas toujours facile. A une prochaine je l’espère sur le Sud de l’Espagne.

Nadine et Guy plus Robert.

 

Vendredi 13 mai 2011 Salut à tous.

Eh bien voilà nous bouclons notre première semaine passée sur Ponta Delgada Açores à attendre une météo navigable pour rejoindre Gibraltar. C’est long mais pas négatif et c’est également bien de se retrouver dans les bras de Dame  Nature et de constater que c’est elle qui décide. Cette année est une année La Niña ce fameux courant qui prend sa source dans le Pacifique et qui, je ne sais par quel tour de passe-passe, vient perturber notre Golf Stream et tout l’équilibre de notre planète, surtout pour nos océans. Nous avons contact avec des amis qui eux ont pu rejoindre le détroit ayant traversé avant nous <<parfois quelques jours suffisent pour passer>> eh bien ils sont bloqués à Cadix depuis une semaine ne pouvant passer le détroit de Gib juste à quelques M Nautiques. Ici le vent rentre fort ce matin et nous apprenons que la période de très beau temps que vous avez sur la France se détériore, alors c’est peut-être que notre anticyclone des Açores se décide à bouger et par le fait nous laisser un petit passage pour vous rejoindre.

Sinon Ponta Delgada est une ville très active et chaque jour un nouveau mastodonte américain des mers <<aujourd’hui c’est le ROYAL>> vient prendre la place de sa pote GRAND PRINCESS partie la veille avec ses 2 à 3000 passagers et tout cela sans un bruit juste quelques remous qui s’ajoutent à la houle permanente du port causée par le vent et ne dérangent même pas notre sommeil. Sommeil parlant, après ces 19 jours passés en mer au rythme de 2h de veille 2h je dors, passer une nuit complète sous sa couette dans une couchette qui ne bouge presque pas est un luxe très apprécié du mataf, il reste des plaisirs simples. Je vous tiendrai au courant de la suite car après le pot au feu de vendredi dernier mitonné en mer je me lance pour ce midi sur un petit couscous bateau. Je vous précise qu’ici il fait 14°.

Amicalement les Gones Flottants Nadine Guy et notre ami Robert.      

Brèves d’Atlantique dans le vent d’EST.

 

Cette nouvelle traversée de l’Atlantique N rentrait dans notre comptabilité pour la sixième pour Nadine <<deux par le Sud et quatre par le Nord>> et la dixième pour moi <<deux aller en solitaire et course, une en couple avec Nadine une en équipage sur un voilier ami et le reste par le Nord en couple avec Nadine et équipage>>. Chacune a été vraiment différente, aucune ne se ressemble au point de ne jamais parcourir le même océan. Toutes nous laissent des souvenirs et des moments de grâce difficilement explicables tant le plaisir est grand. L’Océan est tellement changeant que nous avons l’impression de chevaucher des vagues de douceur ou de colère sans vraiment en connaître les raisons. C’est lui qui décide de nos journées de nos nuits, nous sommes sa chose et notre voilier modestement lui glisse sur le dos. Après la traversée, une arrivée aux Antilles sous un chaud soleil ou un grain musclé vous laisse toujours béat. Même si vous connaissez le coin c’est chaque fois une nouvelle découverte. Il faudra quelque temps pour avoir envie de recommencer, puis la routine vous rejoint, l’homme est ainsi fait. Le retour par les Açores est très différent, bien que nous ayons eu la chance de faire des retours soleil et vent tranquille. Mais généralement cette traversée est plus musclée et les conditions plus nerveuses, le soleil est rarement de la partie, alors l’arrivée sur Flores ou Horta ressemble plus à une délivrance même si la partie n’est pas encore vraiment gagnée. Ces îles et la gentillesse des Açoriens savent vous redonner la confiance pour continuer votre parcours et de nouveau affronter l’Océan vers notre vieille Europe et sa chaleur de fin mai Parfois, et c’est notre cas aujourd’hui, nous devons attendre sur Ponta Delgada, Sao Miguel l’île la plus Est, l’ouverture, le droit de passage, la bonne météo et c’est ainsi que vous avez le temps d’envoyer quelques lignes aux amis pour essayer de partager le moment présent, la modeste vie de navigateur amateur qui ne ressent nullement cette expérience acquise au fil des anciennes traversées car chaque expérience est différente.

 Nadine Robert et votre serviteur Guy.

Les Gones flottants le 13 mai à Sao Miguel.

 

Chers amis, Cher Pierre <ami navigateur de P Camargue qui malgré ses 72 printemps attaque l’Atlantique Nord avec J Luc un ami>.

Ne te fais pas trop de souci pour ton carénage imparfait car au fur à mesure que tu progresses en direction des Açores la température de l’eau et de l’air va passer de 27° à 14° et en général les algues et autres coquillages crèvent avant d’arriver. Ici les carènes sont propres. Profite bien des vents favorables pour faire route, mais n’oublie pas de monter

et mettre du 30/40/50° dans ta route. Profite au max de ces grands moments de mer qu’est une transat. Ici les agapanthes commencent à fleurir et même si aujourd’hui nous sommes encore sur du vent fort. Mardi cela s’arrange. BIZZZ de Nadine à vous deux et respect de moi aux marins que vous êtes.

Les Gones Flottants

 

Un petit morceau d’Açores.

Bloqués depuis une petite dizaine de jours sur l’île de Sao Miguel en attente d’une embellie pour envisager de rejoindre le vieux continent, à l’occurrence Gibraltar Je sais ce n’est pas le bout du monde mais les 900MN qui nous séparent soit 1660kms demandent une météo sérieuse chose que nous n’avons pas en ce moment. Alors que faire, visiter ce joyau de volcan, apprécier la gentillesse des Açoriens,  prendre le temps de trouver le resto qui fait le meilleur Bacalao, enfin prendre le rythme des lieux. Pour cela nous choisissons toujours l’autocar. Ici le service public n’est pas simplement un mot, vous pouvez le vérifier chaque jour Trouver chez nous un chauffeur de car qui sort son itinéraire pour venir vous récupérer à 500m de la station, et qui s’arrête en bordure de route pour l’arrêt pipi d’un papy eh bien c’est la vérité. Nous sommes mi mai et l’île commence à se couvrir de fleurs. D’hortensias en bordure des routes, d’arums blancs, de taille importante qui ici poussent à l’état sauvage, et les agapanthes d’un bleu ciel tirant légèrement sur le mauve sur une tige vert foncé. Les rosiers sauvages gros comme des arbustes ressemblant à des lauriers, les lauriers et certaines fleurs des Antilles si si ! Bien sûr des  capucines recouvrent les rocailles et des pans de murs ainsi qu’une multitude d’autres fleurs plus sauvages et délicates les unes que les autres. Lorsque le soleil veut bien partager la journée tout cela explose et vous laisse dans la tête des images inoubliables capables de vous faire oublier l’attente et l’ouverture que la météo vous refuse. Alors les journées passent et parfois à l’intérieur de moi-même je ne sais plus si j’ai vraiment envie de partir.

Nadine et Guy dits les Gones Flottants.

 

8/7/6/5 jours adjugés, c’était le nombre de jours qui nous séparaient de Sao Miguel aux Açores au Cap SAO VINCENTE pointe la plus Sud du Portugal et rejoindre ainsi le super mouillage de Portimao juste à l’entrée de la zone Cadix. Alors raconte ?

Après l’attente météo des plus capricieuses dans vous connaissez les détails ! Enfin le mardi 17 mai une petite ouverture pas très peinarde mais ouverture tout de même notre Robert nous ayant quittés la veille par l’aéroplane <<trop longs les voyages à la voile et plein de choses à faire à la maison>>, alors décision prise nous partons. Déjà quittant le port et remontant sous le vent de l’île je me doutais que ça n’allait pas être peinard mais !! dès la pointe je peux confirmer c’est pas peinard du tout les gars, 30/35 à 40° du vent dans une mer forte notre Girls tortille de la croupe et cogne du nez et pourtant après quelques réglages de la trinquette et concessions nous progressons à 15° de notre cap. Au relevé par moi-même de minuit nous avons parcouru 74MN et sommes à 765MN de Sao Vincente. Une nuit de bagnards mais roule ma poule trop tard pour réfléchir nous avons déjà réfléchi 10 jours, l’arrivée sera en face et rien d’autre.

Mercredi 18 mai. On ne change rien et on ferme les yeux pour ne plus voir la mer, je préfère le doux visage de ma Nadine plein de sel et ensemble nous remercions notre capote d’être très, très solide et sans être mystique le Bon Dieu de nous accorder cette grâce d’être ensemble. Nous marchons 5/6 et parfois 7 dans une mer dure et presque de face, je relève toujours le pied pour protéger le voilier. Au relevé de la journée la récompense n’est pas au RV mais 132MN et la visite à plusieurs reprises des dauphins, ce n’est pas si mal <<toujours aucun repas pris à bord juste quelques grignotages>>.

Jeudi 19 mai. Heureusement le moral est au beau fixe et Girls est très sécurisant car dans ces conditions de mer le mot confort n’existe pas. Lorsque derrière nous une voile grossit, contact VHF c’est Django II un super canot de 20/25 ou plus, très sympa, il marche à 10,5nds et nous confirme nos conditions difficiles, pas mal de malades dans son équipage. Nous bombons le torse et essayons de rester dans son sillage le plus longtemps possible, ne serait-ce que l’entendre parler à la VHF avec un encore plus gros <Amazone>. Cela fait du bien d’écouter parler comme cela au beau milieu de l’Atlantique. Super récompense au score des 24h, 154MN sur le cap et à 580MN de St Vincent.

Vendredi 20 mai. Il y a du record à battre mais il va falloir s’accrocher surtout avec ce vent instable et ayant tendance à aimer l’Est. Je sollicite la trinquette depuis un peu longtemps et son écoute pas neuve non plus explose. Je renvoie le génois dessus et vogue pépère cela me donne le temps de changer la traîtresse, la lâcheuse, en prenant sa collègue de bâbord qui a été moins sollicitée. Donc pour résumer 160MN au compteur cela nous motive même s’il serait sérieux de dormir un peu et cela Nadine sait me reprendre me remplacer toujours au bon moment juste avant que je demande grâce car je suis à quelques heures depuis le départ, l’entraînement solitaire à du bon.

Samedi 21 mai. Eh bien c’est comme dab avec un super réveil dans la brume bien pisseuse bien moite. Bien sûr je ne vous comptabilise pas les cargos. D’ailleurs rien que cela ne donne pas envie de dormir à l’idée de se retrouver nez à nez avec une montagne de ferraille. L’AIS sur la VHF est une trouvaille bien pratique mais tous ne l’ont pas alors, surprise surprise lorsque tout à coup sort de je ne sais où coucou c’est moi, le mastodonte celui à qui l’on ne pense pas. Alors on veille voilà c’est tout, on veille c’est la seule vérité.

Et on gratte mille par mille, on se régale d’un petit rayon de soleil et le soir le plaisir simple de comptabiliser 155MN, de déguster une soupe chinoise et de savoir que Saint Vincent n’est plus qu’à 264MN.

Dimanche 22 mai. Une nuit pourrie de chez pourrie et pourtant ce devrait être la dernière. Le vent remonte, 35/40 dans cet alizé portugais plutôt bien placé 60°. Je me demande toujours pourquoi le mot alizé est synonyme de douceur !  Mais nous marchons très fort 7/8 et la mer arrondit ses vagues crochues de cet après-midi qui faisait taper Girls au point de réduire pour ne rien casser <<souvent la nuit la mer fait le dos rond>>. Nous arriverons en matinée sur le rail et nous croiserons

K STREAM, SOLEY 1, WEZ VELASQUEZ, EVER SHINE, GLENDA MELANIE.

Ces doux noms de rêve que portent ces monstres de cargos !! Nous éclaterons notre record avec 168MN, pourquoi ? Peut-être la hargne ou l’esprit régate qui reprend le dessus ou simplement l’envie d’arriver.

Le passage du cap Sao Vicente et Sagres avec une marée montante qui se rajoute à notre propre vitesse nous laisse respirer. Avec ses odeurs de terre, de taillis, enfin je ne peux vous expliquer pourquoi les tartinettes et Rolmarpizzas, dégustées en fin de journée dans le super mouillage de Portimao avec un ti-punch et après une bonne douche nous épanouissent ? Nous aurions déjà oublié cette dure traversée, non ! Cela représente beaucoup de travail pour économiser 8€ sur une bouteille de rhum. J’rigole. Devant nous Gibraltar est en furie d’Est d’après RFI. Alors nous attendrons dans notre mouillage doré après 800MN en 5 jours plus deux heures nous avons du temps. A une prochaine.

Nadine et Guy dits les Gones Flottants  sur Girls Bénéteau 473 de retour des Antilles.

 

Pourquoi aller vite lorsque l’on n’est pas pressé ?

Après une traversée record <pour nous> nous voici de nouveau bloqués à 160MN du but dans l’avant-port majestueux de PORTIMAO. Pas une petite ouverture météo depuis notre arrivée de dimanche. Les zones Gibraltar Strait et Cadix sont dans le rouge d’Est avec du 8/9, pas sur une grande distance mais suffisamment pour aller goûter le petit port de Barbatte à 40MN de Gib et ses 30/40€ la nuit et tout navigateur connaissant la zone sait que même avec un gros moteur <on ne passe pas>. Le côté positif de la chose c’est que nous sommes dans un mouillage confortable et sans un sous à payer. Comme le chef avait prévu large en nourriture donc PANIPWOBLEM comme ils disent aux Antilles. Notre voilier GIRLS n’ayant pas connu l’eau douce depuis notre arrivée risque fort de se ramasser une super ondée marocaine sans avoir à se refaire drosser les côtes dans un clapot cassant. Nous, enfin Nadine,  rebichonne les boiseries, les coussins, la moquette, il faudra sûrement passer les housses à la machine car le sel est bien présent même s’il ne se voit pas. Nous profitons pour visiter le petit village de FERRAGUDO remarquable de vérité juste en face l’immense complexe de Portimao qui sent encore le béton frais et ne nous tente pas du tout.

Bien sûr j’allais y venir, les petits restos sur la place de Ferragudo sont encore vrais, bons et typiques comme on aime et avec des prix plus que corrects qui ont oublié l’€uro.

Donc cet après-midi, après avoir dégusté les lentilles au lard à la dijonnaise que je mitonne, nous irons nous balader à pied dans le coin des falaises qui nous protègent, nous regarderons la mer qui blanchit en nous disant que nous avons peut-être beaucoup de chance.

Nadine et Guy LLATA dits les Gones Flottants

 

Cher Pierre et J-Luc ( des amis qui traversent).

Lorsque j’ai ouvert ton mail j’étais à la terrasse d’un café et ne visualisais pas ta position. En effet tu es un peu haut mais pas d’inquiétude à avoir, en 2007 avec Nadine nous avons effleuré le 40° et c’est là que ns avons touché du N/NW En effet tu dois ressentir l’effet du Gulf Stream qui théoriquement doit favoriser ta vitesse de 1 à 2nds ce qui n’est pas négligeable. Vous êtes sensiblement à 8 jours d’Horta. Fais des relevés vitesse GPS et non lock qui doit être pessimiste de ce %. Mais surtout ne renvoie pas Sud sauf si tu es au N des îles. Bon courage à vous deux J’oubliais le parmentier au thon c’est préférable de le manger au souper, cela cale pour les quarts de nuit BIZZZ à vous deux.

 

 

 

 Portimao : Tout arrive pour ceux qui savent attendre

Sur les fichiers Grib US une ouverture se dessine pour la journée du samedi 28 mai et dimanche 29. Durant la nuit du vendredi au samedi jour de départ, de gros orages balayent et éclairent notre mouillage. Durant une accalmie nous partons et faisons confiance aux fichiers, passons la digue vers 8h30 la houle d’E/SE bien présente mais le vent est faible. Nous longeons les falaises c’est un peu lugubre mais optimistes que nous sommes, regardons toujours devant et constatons que notre horizon est bien meilleur que le lieu que nous quittons, alors roule ma poule cap sur Gib. La grand-voile est haute mais juste là pour amortir le roulis de la houle légèrement de travers, les 100 chevaux du Yanmar callés sur 18OO t/mn nous déhalent à 5/6nds, c’est cool de chez cool. Le vent s’établit à 5nds de S/E. 16H les jeux sont faits, rien ne va plus eh bien pour nous tout va bien, sauf l’absence du vent nous sommes marée descendante c’est super pour notre arrivée sur Tarifa souhaitée avec une marée montante (cela se calcule).

18H, 59MN500 de Portimao toujours au vroom vroom et 96 MN de Tarifa. Le souper se prépare car Nadine monte deux Ti-punchs, sûrement  le dernier apéro en mer (toujours très calme) pour cette aventure. Le souper sera purée en aligot avec de la vache qui rit, super cela cale et c’est facile à manger.

Dimanche 0H, la nuit étoilée est très belle le ronronnement du moteur a tendance à m’endormir mais ce n’est pas le moment de flancher car le coin est très visité et nous longeons le rail des cargos. Sur le Maroc de gros éclairs traversent le ciel mais s’ils sont bien en travers de notre route cela se passe très loin, je croise les doigts. 3H45 je passe sur le banc de Trafalgar, nous n’avons plus que 9/13mètres d’eau sous notre quille, situation normale mais toujours un peu inquiétant de voir les fonds remonter. Une heure après je suis de nouveau sur des fonds de 40 mètres sur le travers de Barbate (port refuge lorsque le passage de Gib ne peut se faire c’est souvent sur Barbate que les voiliers se réfugient en attente de jours meilleurs).

6H le jour se lève ainsi qu’une brume très épaisse qui ne nous lâchera pas jusqu’au travers de Tarifa. La grand-voile dégouline d’eau, Girls transpire de cette rosée poisseuse. Un « cigare » des gardes-côtes nous surprend dans un vrombissement abrutissant, mais nous double sans même nous regarder. 9H20 nous passons le phare de Tarifa et comme par miracle sortons de cette purée de pois pour retrouver un grand ciel bleu sous un soleil éclatant. Détente totale nous somme certains à présent de rejoindre notre but. Une nuée de pêchus (normal c’est Dimanche) nous salue au passage mais nous oblige à zigzaguer pour rejoindre Gibraltar ainsi que les mastodontes attendant leur chargement ou déchargement au mouillage. Passons devant Gibraltar cap mythique de la Méditerranée bien que la vraie difficulté soit Tarifa et rentrons dans le port de plaisance espagnol tout neuf de La Linea.

12H bon accueil, formalités remplies nous sommes à quai avec l’aide du marinero. Nos amis arriveront vers 1H3O du matin, palabres, boissons, etc, super ambiance de retrouvailles. Le lundi un repas en commun dans un resto du coin Nous prenons leur voiture et 1400kms plus loin nous retrouverons la marina de Port Camargue. L’aventure est à présent vraiment terminée.

Nadine, Guy, Robert et Girls qui retrouvera avec ses maîtres la Méditerranée et deux semaines plus tard Port Camargue pour se reposer un peu.

Les GONES FLOTTANTS  

    

                                        

 

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